La publication d’une étude de l’Union des Industries Textiles (UIT) relance le débat sur la relocalisation du textile en France. Selon les conclusions du rapport, le «Made in France» générerait des retombées économiques bien supérieures aux importations, captant jusqu’à 84% de la valeur créée contre 35% pour les produits venus de l’étranger.
L’étude publiée le 18 novembre nous ramène à la polémique déclenchée par l’inauguration du premier magasin physique de l’enseigne chinoise Shein au BHV à Paris, qui a ravivé les inquiétudes et mis l’accent sur les risques liés à l’ultra fast-fashion: pratiques commerciales agressives, produits de moindre qualité ou encore pression sur les acteurs locaux.
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Du côté des grandes maisons du luxe, la relocalisation et le renforcement des compétences industrielles locales représentent déjà une stratégie active. LVMH, Hermès ou encore Kering investissent lourdement dans la production en France et en Italie pour sécuriser la qualité, la traçabilité, et préserver les savoir-faire artisanaux d’excellence.
Le groupe LVMH disposait en 2024 de 119 ateliers de production et d’artisanat en France. Le groupe de Bernard Arnault mise d’ailleurs sur la formation: plus de 3 300 apprentis ont été formés depuis 2014 grâce à l’Institut des Métiers d’Excellence, dans plus de 280 métiers artisanaux. Hermès affirme que 100% de ses articles en cuir sont fabriqués en France, un point clé de son identité de marque.
Le groupe Kering adopte quant à lui une stratégie “made in excellence” en Italie: plus de 13 700 salariés italiens travaillent pour la société de la famille Pinault, ce qui représente plus d’un quart de son effectif total. Kering possède plus de 40 sites de production en Italie et son activité locale contribue à injecter près de dix milliards d’euros dans l’économie italienne, soit 0,6 % du PIB.
En Italie encore, une étude de La Conceria, plateforme dédiée à l’observation des activités des tanneurs et maroquiniers, 78% de la production des 15 principaux groupes de luxe sont réalisés en Italie, notamment pour le cuir (80%) et la chaussure (77%). Cette concentration industrielle confirme l’Italie comme la “Silicon Valley du luxe”: un vivier d’expertise convoité notamment par les géants du luxe français.
Selon l’étude de l’Union des Industries Textiles, la France aurait donc tout intérêt à développer sa filière locale du textile. Les dispositifs publics France Relance et France 2030 ont pu aider petit à petit à la relocalisation d’usines de transformation et de filature, notamment de lin, ancien fleuron du textile français.
Mais il reste du chemin à parcourir. La filature Safilin, qui venait d’être relocalisée en 2022 dans les Hauts de France, vient de fermer ses portes. Il serait alors temps pour les pouvoirs publics et les acteurs de la mode de réfléchir sur une stratégie industrielle et commerciale du futur.
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