Si les investisseurs internationaux ont le sourire, Saint‑Barth, l’île des Antilles françaises, incarne pourtant un paradoxe: terre d’accueil des ultrariches, elle ne parvient plus à loger les habitants ni les travailleurs qui font vibrer ses palaces. Reportage à Gustavia.
3 Mio
Prix de vente d'un studio de 56 m² à Saint-Barthélémy
2017
L'ouragan Irma avait dévasté l'île cette année-là
70%
Pourcentage de la hausse des prix de l'immobilier depuis 10 ans
C’est un système pensé pour attirer les grandes fortunes, pas pour protéger les familles locales
Un artisan local du bâtiment
La petite île de Saint-Barthélemy, dans les Antilles françaises, voit son système de soutien à l’afflux de richesse, alimenté par une fiscalité généreuse, se confronter à une crise aiguë du logement et à un fort risque de dépeuplement et de déracinement de ses habitants. Si les investisseurs internationaux ont le sourire, Saint‑Barth incarne un paradoxe: terre d’accueil des ultrariches, elle ne parvient plus à loger les habitants ni les travailleurs qui font vibrer ses palaces. Pendant que les fortunes mondiales s’offrent yachts et villas atteignant parfois plus de 60 millions d’euros chacun, une partie du personnel se retrouve à cumuler les CDD, à devoir partager une chambre ou à s’exiler faute d’avoir un toit.
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Un paradis mué en paradoxe
Il est des cartes postales qui s’écaillent à force d’être surexposées. Saint-Barthélemy, confetti chic des Antilles françaises, en est l’exemple parfait: une île minuscule de 24 km², écrin des ultrariches, où les villas sortent de terre comme les champignons après la pluie, mais où les gens qui les construisent ou les entretiennent peinent à se loger. Ce qui devait être un paradis s’est mué en paradoxe. En se rendant sur l’île, le visiteur est saisi par l’élégance feutrée de Gustavia. Boutiques de luxe, beach‑clubs privatisés et voiliers amarrés au port. Mais dès qu’il pénètre dans les ruelles périphériques, le contraste est brutal.
Car derrière les beach-clubs saturés de rosé, les yachts en file indienne et les enseignes chic, se cache une crise sociale d’une intensité rare. Ici, une chambre se loue plus cher qu’un trois-pièces parisien. Là, un studio de 56 m² s’affiche à 3 millions d’euros avant même d’être construit. «Mon fils dort sur un bateau avec sa copine, car ils n’ont pas les moyens de se loger sur la terre ferme, alors qu’ils travaillent tous les deux», témoigne Jean, qui gère plusieurs maisons pour le compte de propriétaires métropolitains. Une jeune architecte qui vit et travaille avec son associé depuis dix ans dans un studio-bureau et souhaite conserver l’anonymat confirme: «Avec le renchérissement de l’immobilier, je ne sais pas combien de temps je vais tenir.» Six mois à peine après Irma, l’urgence reléguait déjà le logement à un luxe inaccessible.
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