Ce mardi, la veille du vote de confiance qui a déterminé la chute de son gouvernement et sa démission, François Bayrou, l’ex premier ministre français, a prononcé cette phrase qui a irrité les autorités italiennes: «Il y a une sorte de nomadisme fiscal, qui attire les contribuables dans les pays où les lois fiscales sont les plus favorables. L’Italie aujourd’hui pratique une politique de dumping fiscal». La première Ministre Giorgia Meloni a jugé ses propos comme «stupéfiants».
S'inscrire
Newsletter
Soyez prévenu·e des dernières publications et analyses.
La politique fiscale italienne attire-t-elle réellement les milliardaires? Et quelles en sont les conséquences sur la société et les villes de la péninsule?
François Bayrou faisait référence à un dispositif mis en place par l’ancien Président du Conseil, Matteo Renzi, en 2016, et appliqué l’année suivante, qui consiste en un régime spécial formulé pour les ultra-riches. Une fois installés en Italie, ces derniers bénéficient d’un forfait plafonné, au lieu de s’acquitter d’un impôt calculé sur un pourcentage de leurs revenus. Se chiffrant à 100'000 euros sous Renzi, ce plafond a doublé sous Meloni, le rendant toujours très attractif pour les plus grandes fortunes. À cela s’ajoute une taxation très favorable sur les successions et sur les biens détenus à l’étranger.
Les dernières données rendues publiques par la cour des comptes Italienne datent de 2023 et montrent comment pendant cette année, plus de 1500 ultra-riches étrangers ont bénéficié du dispositif, rapportant 117,6 millions d’euros dans les caisses de l’Etat Italien. Cette année-là, les fortunés qui résidaient auparavant dans des paradis fiscaux à l’instar des Bahamas, le Panama ou Chypre sont venus s’installer à Milan dont 1’627 Américains, ce qui représente le chiffre le plus élevé depuis 2003.
Cette tendance ne semble pas s’essouffler: selon une étude récente publiée par la société de consulting Henley & Partners, environ 3’600 millionnaires du monde entier devraient s’installer en Italie d’ici la fin 2025, avec un patrimoine global estimé à 21 milliards d’euros.
Cette situation a donné naissance à une niche d'investisseurs internationaux qui ont injecté d'énormes capitaux dans l'immobilier de luxe Italien. Dans plusieurs villes, et spécialement à Milan, le prix moyen au mètre carré a grimpé en très peu de temps; dans les quartiers les plus chic du chef-lieu Lombard, comme le célèbre «Quadrilatero della Moda» (regroupant les grandes boutiques de créateurs et appartements de luxe vendus à 40'000 euros le mètre carré), les prix de l’immobilier ont bondi de 57% en moyenne entre 2021 et 2024.
Alors que les familles locales sont au fur et à mesure poussées à déménager en banlieue, les nouveaux migrants économiques de luxe investissent de plus en plus dans les centres-villes.
À Rome, en un an à peine, les prix des appartements ont augmenté de 7,4% et les loyers de plus de 11%. Toute l’Italie est confrontée à ce phénomène. Les villes les plus chères restant Milan, Florence, Bologne et Rome.
La manne immobilière a attiré la convoitise des constructeurs qui ont parfois même essayé d’en tirer profit jusqu’à défier les lois. En effet, depuis deux ans, les magistrats mènent une enquête approfondie sur le secteur du bâtiment à Milan. Une série d'éléments a été découvert concernant des abus présumés dans la construction de nombreux nouveaux immeubles de luxe. L’enquête implique également plusieurs protagonistes de la politique locale, comme le maire Giuseppe Sala.
Le flux d’investisseurs et nouveaux résidents étrangers confirme l’Italie comme destination extrêmement intéressante pour les personnes disposant d’un fort capital. Parmi elles, on compte des entrepreneurs, des dirigeants, des investisseurs et des personnalités du monde du sport et du spectacle. Outre l'avantage fiscal, d'autres facteurs tels que la qualité de vie et le patrimoine culturel jouent également un rôle important.
Partager l'article
Continuez votre lecture
Accord UE-Mercosur: un nouveau souffle pour le luxe européen?
Ce mercredi 3 septembre, le tant attendu Mercosur, l’accord international entre Union européenne et Amérique latine, a été approuvé par la Commission réunie à Bruxelles.
By Eva Morletto
S'inscrire
Newsletter
Soyez prévenu·e des dernières publications et analyses.