Avec des résultats en hausse, Hermès maintient le cap au 1er semestre
By Eva Morletto30 juillet 2025
Les résultats financiers d’Hermès, publiés ce mercredi 30 juillet, confirment la solidité du groupe, dans un secteur du luxe en difficulté. Au premier semestre, la maison française affiche une croissance soutenue, portée par la fidélité de sa clientèle, une performance géographique équilibrée et une stratégie fondée sur la rareté et l’excellence artisanale.
Alors que le secteur du luxe traverse une période d’incertitude et de tensions persistantes, Hermès s’impose comme un véritable phare dans la tempête. Le chiffre d’affaires sur le deuxième trimestre du célèbre maroquinier affiche une progression de 9%, un taux supérieur à celui du premier trimestre, qui avait déjà enregistré une hausse de 7% (à taux de changes constants).
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Entre avril et fin juin, la maison des emblématiques sacs Birkin et Kelly a réalisé 3,91 milliards d’euros de ventes, marquant un nouveau record historique pour la période. Ces chiffres sont en ligne avec les attentes des analystes financiers, dont le consensus anticipait une croissance de 8,8%. La capacité de la marque à maintenir une dynamique positive malgré les vents contraires témoigne de la solidité de son positionnement et de la gestion rigoureuse de ses volumes, fidèle à une stratégie de production limitée qui renforce la désirabilité.
Sur le plan régional, le Moyen-Orient affiche la croissance la plus marquée, avec un bond de +20,4%. Ce résultat est porté par un environnement économique dynamique, une clientèle jeune et fortunée, et l’ouverture progressive de nouvelles implantations commerciales, notamment à Dubaï et Riyad. L’Amérique du Nord suit avec une hausse de +12,3%, confirmant une demande soutenue malgré le ralentissement du pouvoir d’achat de certains segments de la population.
L’Europe, de son côté, résiste bien (+9,1%), soutenue par une clientèle attachée à la tradition du luxe à la française. Toutefois, la France fait exception avec une progression plus modeste (+4,1%), impactée par un recul du tourisme international, notamment chinois, et une légère érosion de la consommation sur le marché domestique.
Dans un contexte régional marqué par une géopolitique complexe et un ralentissement conjoncturel, l’Asie parvient tout de même à dégager une croissance de +5,2 % (en données comparables). Ce chiffre, modeste à première vue, prend tout son relief lorsqu’on le compare aux performances plus atones de concurrents comme Kering ou LVMH, confrontés à un fléchissement de la demande en Chine.
Paradoxalement, le Japon émerge comme un moteur inattendu, avec une envolée de +14,7% des ventes. À contre-courant de ses concurrents, Hermès tire profit d’une clientèle locale solide, moins exposée aux variations monétaires et plus attachée aux valeurs d’artisanat et de pérennité. Cette clientèle ultra-premium, moins sujette aux arbitrages économiques, continue d’acheter malgré la conjoncture.
Hermès illustre la réussite d’un modèle anti-cyclique dans l’univers du luxe. Là où nombre de groupes misent sur la croissance rapide via des volumes et une multiplication des points de vente, la maison adopte une logique inverse: rareté contrôlée, excellence artisanale, production intégrée. Ce modèle, souvent qualifié de «slow luxury», génère des marges élevées, fidélise une clientèle peu volatile, et évite les effets de saturation que connaissent certaines maisons rivales. Le groupe bénéficie également d’une répartition équilibrée de ses revenus, sans dépendance excessive à un seul marché. Cette diversification géographique et stratégique contribue largement à sa résilience.
Malgré la solidité des ventes, le bénéfice net au premier semestre accuse un léger repli: 2,25 milliards d’euros, contre 2,37 milliards un an plus tôt. Cette contraction n’est pas liée à une dégradation opérationnelle, mais à une mesure exceptionnelle imposée par l’État français: une taxe temporaire sur les grands groupes, destinée à participer à la réduction de la dette publique. Selon la direction d’Hermès, en l’absence de cette mesure, le bénéfice net aurait progressé de 6%.
Alors que plusieurs grands noms du luxe annoncent des plans de restructuration, des fermetures de points de vente ou des baisses de rentabilité, Hermès maintient le cap avec une stratégie long terme, patiemment construite, et rarement déviée. En dépit des incertitudes macroéconomiques, Hermès reste l’un des rares groupes à afficher une croissance organique solide, sans recours à des promotions, à des collaborations opportunistes ou à des repositionnements risqués.
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