Le groupe Kering dévoile ce mardi 29 juillet des résultats inquiétants pour le premier semestre 2025, avec un recul de 15% des ventes et un bénéfice net en chute libre de 46%. Luca de Meo, qui prendra la direction en septembre, devra redresser la barre dans un environnement de plus en plus complexe.
Le défi s’annonce difficile pour Luca de Meo, le nouveau directeur général de Kering, qui prendra officiellement la tête du groupe à partir de septembre, après l'assemblée générale prévue le 9 septembre prochain. L’homme, qui a su redresser Renault avec succès, va devoir faire face à une situation complexe au sein du géant du luxe.
S'inscrire
Newsletter
Soyez prévenu·e des dernières publications et analyses.
L’empire de la famille Pinault a récemment publié les résultats du premier semestre de l’exercice financier en cours. Les chiffres sont sans appel: le groupe affiche une chute des ventes de 15 % en données comparables, avec un chiffre d’affaires total de 7,6 milliards d’euros. Le bénéfice net du groupe, quant à lui, a plongé de 46 %, avec un montant inférieur à 500 millions d’euros, ce qui a largement déçu les analystes.
Si les résultats sont une nouvelle fois décevants, le PDG François-Henri Pinault, qui a toujours prôné la vision à long terme, reste stoïque et optimiste. Dans un communiqué de presse, il déclare: «Les efforts déployés depuis deux ans ont permis de poser des bases solides pour les prochaines étapes du développement de Kering, avec une stratégie claire de transformation et d'innovation». Le groupe mise sur une réorganisation en profondeur, un point crucial pour son avenir.
Plusieurs facteurs expliquent ces résultats négatifs. La faiblesse persistante des marques du portefeuille de Kering, notamment de son fleuron Gucci, reste un problème majeur. Malgré le renouvellement de ses collections et une tentative de redéfinition de son identité de marque, elle peine à redresser la barre. Le marché mondial du luxe, très dépendant des voyages et des achats touristiques, subit également les effets d’un tourisme en baisse, notamment en Asie et en Europe, ainsi qu'une contraction des dépenses des consommateurs, qui ont eu un impact direct sur les ventes globales.
Un autre facteur qui pèse sur les résultats de Kering est l'incertitude liée aux politiques commerciales, en particulier la hausse des taxes douanières récemment annoncées par l'administration Trump, qui s’élèvent finalement à 15% pour les produits importés de l’Union Européenne vers les Etats-Unis. Dès leur mise en place le 1er août prochain, ces nouvelles taxes pourraient affecter négativement les marges bénéficiaires de Kering, en particulier sur ses produits vendus aux États-Unis, marché clé pour la marque. Ces tensions commerciales, couplées à la volatilité économique, ajoutent une pression supplémentaire à une situation déjà délicate.
Concernant les performances des différentes maisons du groupe, Gucci, comme mentionné plus haut, reste dans une impasse. Elle qui génère près de 50% des revenus de Kering, au premier semestre 2025, elle a vu son chiffre d'affaires chuter de 26% (données publiées), atteignant 3 milliards d’euros. Ce recul est particulièrement préoccupant alors que la concurrence, notamment LVMH, continue de croître. La maison présentera son premier défilé signé Demna seulement en mars 2026, pourtant attendu comme un moment clé pour redynamiser la marque et attirer une nouvelle clientèle. Ce long intervalle sans événements majeurs risquerait d’affaiblir encore l’image de la marque si elle ne parvient pas à maintenir son attrait auprès des consommateurs.
Yves Saint Laurent, autre maison phare du groupe, a également enregistré une baisse de 11% de son chiffre d'affaires, s’affichant à 1,29 milliard d’euros. Cela reflète un ralentissement dans les ventes des collections haut de gamme, malgré des efforts pour toucher une clientèle plus jeune et plus diversifiée.
Cependant, deux marques du portefeuille de Kering se distinguent positivement: Kering Eyewear (+3%) et Bottega Veneta (+2%). Soutenue par son style intemporel et son savoir-faire artisanal, Bottega Veneta atteint 846 millions d’euros et continue de renforcer sa position sur le marché, tandis que Kering Eyewear semble profiter de l’engouement croissant pour les lunettes de luxe et les collaborations avec d’autres grandes marques.
La famille Pinault a considérablement diversifié ses investissements ces derniers mois, notamment dans des secteurs en pleine expansion comme la «tech» et les nouveaux marchés. 2025 devrait être une année capitale pour la société, car elle doit axer son développement sur des bases solides et se réinventer dans un marché de plus en plus concurrentiel. Le PDG François-Henri Pinault a souligné la nécessité de «rationaliser notre distribution et notre base de coûts,» une démarche devenue d’autant plus urgente afin de redresser les performances de Gucci. L’entreprise mise également sur l’innovation et la durabilité, en mettant un accent particulier sur la réduction de son empreinte carbone et l’intégration de pratiques plus éthiques dans ses processus de production.
Partager l'article
Continuez votre lecture
Luca de Meo devrait reprendre la direction de Kering
Luca de Meo, à la direction générale du constructeur automobile Renault quittera ses fonctions le 15 juillet prochain, pour seconder François-Henri Pinault, PDG du groupe Kering. Si cette information n’a pas encore été confirmée par le groupe Kering, elle devrait l’être aujourd’hui lundi 16 juin, à la clôture de la Bourse de Paris.
La famille Pinault lève 400 millions d’euros pour redresser Kering
Ce mardi, la holding de la famille Pinault, Artemis, a annoncé lever 400 millions d’euros auprès de plusieurs investisseurs dans le but de dynamiser l’action Kering. La demande a dépassé la taille de la transaction, preuve de confiance des investisseurs.
By Eva Morletto
S'inscrire
Newsletter
Soyez prévenu·e des dernières publications et analyses.