Accord UE-Mercosur: un nouveau souffle pour le luxe européen?
By Eva Morletto04 septembre 2025
Ce mercredi 3 septembre, le tant attendu Mercosur, l’accord international entre Union européenne et Amérique latine, a été approuvé par la Commission réunie à Bruxelles.
Si certains secteurs économiques européens, comme l’agriculture, se sont montrés hostiles et sceptiques face à cet accord, les perspectives pour d’autres activités, comme celles liées au luxe, semblent être potentiellement juteuses.
L’Amérique du Sud représente un marché de 270 millions de consommateurs, dont les classes moyennes et fortunées ne cessent de progresser. Les États sud-américains impliqués (Argentine, Paraguay, Uruguay et Brésil) représentent eux un produit intérieur brut (PIB) de 2500 milliards d’euros.
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La balance commerciale entre les deux parties est plutôt équilibrée. L’année dernière, l'Union européenne a exporté un peu plus de 55 milliards de biens vers l’Amérique Latine, et en a importé 56 milliards.
L’adoption auprès de la Commission qui a eu lieu hier représente la première étape du processus pour rendre l’accord effectif. Ensuite, le traité va être soumis aux différents États membres.
Quelles opportunités peut concrètement générer ce traité pour l’industrie du luxe européenne? Les secteurs favoris pour les exportations vers le continent américain seraient l’industrie automobile et les spiritueux. Cet accord arriverait comme un vent frais pour ces activités, en particulier pour les spiritueux, dont les revenus sont fortement atteints par l’augmentation des taxes douanières aux Etats Unis (15%).
L’Allemagne par exemple, est clairement favorable au Mercosur. Son industrie étant en pleine récession, cet accord permettrait au marché automobile d’augmenter ses exportations de 10% une fois toutes les étapes institutionnelles passées et l’accord rendu effectif.
La France en revanche, s’est révélée être le partenaire le plus sceptique: la contestation du Mercosur provient surtout des filières agricoles et alimentaires, menacées par l’importation massive de produits sud-américains (viande, soja, sucre) dont les productions ne sont pas soumises aux règles environnementales européennes et peuvent potentiellement envahir les marchés grâce à des prix inférieurs.
Pour le luxe, en revanche, le marché sud-américain peut se révéler comme une aubaine. La croissance rapide des classes moyennes, ces dernières années, a entraîné une augmentation de la demande de biens de luxe et de services exclusifs. Dans les grands centres commerciaux des villes brésiliennes, uruguayennes ou argentines, les marques de luxe françaises ou italiennes côtoient déjà des marques haut de gamme locales en expansion.
Lors d’une étude réalisée juste avant la pandémie mondiale, Euromonitor constatait que l’Amérique du Sud était le marché du luxe qui présentait la croissance la plus rapide (+9,1% entre 2019 et 2020), malgré les instabilités politiques et les inégalités sociales qui dominent ces pays.
L’avantage est que l’ensemble des pays de ce continent partage des cultures, des comportements de consommation et des tendances de mode similaires, donc dès qu’une marque se développe dans un pays, elle arrive facilement à s’ancrer sur les marchés voisins.
Bruxelles veut arriver vite à un accord commun entre les 27 membres de l’Union, en profitant de la situation favorable au Brésil engendrée par la présidence de Lula.
Hier, Paris a réussi à obtenir l’activation d'une "clause de sauvegarde", soit la possibilité pour la France d’examiner dans le détail ce qui sera proposé, afin de protéger les intérêts des filières les plus sensibles. Déjà sous la menace de la chute du gouvernement et de mouvements sociaux, l’administration française craint d’ajouter à cela le mécontentement des agriculteurs.
Selon l’UE, le Mercosur permettrait aux industries européennes d’épargner environ 4 milliards d’euros de taxes douanières chaque année en Amérique latine. Les politiques pro-Mercosur jugent l’accord comme une première étape de la stratégie nécessaire de diversification commerciale qu’il faut adopter pour contrer la fermeture des échanges avec les États-Unis.
Il y a deux ans, une vingtaine de confédérations industrielles européennes dans le milieu de la mode et de la beauté: Euratex, confédération du textile-habillement, Cotance, confédération des industries du cuir, Cosmetics Europe, association des professionnels de la cosmétique, etc. avaient adressé aux institutions européennes, un appel commun pour solliciter l’adoption du traité de libre-échange. Dans leurs communiqués, les confédérations indiquaient le Mercosur comme essentiel à la compétitivité des entreprises européennes.
Le président du Conseil Européen, Antonio Costa, a salué ce premier pas en soulignant que le Mercosur «représentera une excellente opportunité pour renforcer la compétitivité de l’Union».
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