Le rapprochement entre l’Union européenne et le Royaume-Uni pourrait rapporter gros au secteur du luxe

Depuis le référendum de 2016, où le Royaume-Uni a voté pour quitter l'Union européenne, les relations entre ces deux entités ont été marquées par des tensions. Cependant, des changements récents dans le paysage géopolitique - et notamment la nécessité de trouver une solution face à la politique commerciale hostile mise en place par l’administration américaine - suggèrent un rapprochement potentiel entre Londres et Bruxelles.

Si l’Union européenne fait un pas vers le Royaume-Uni pour faire front commun face à Trump, cette dynamique pourrait favoriser une redéfinition des rapports, en ouvrant la voie à des discussions plus constructives sur des questions essentielles telles que le commerce, la réglementation et la mobilité.

Le secteur de la mode et du luxe, qui repose largement sur des chaînes d'approvisionnement internationales, serait directement concerné par ces évolutions.

Avec le Brexit, de nombreuses marques britanniques ont souffert de la hausse des coûts d'importation et de l'augmentation des formalités douanières. Selon le récent rapport “Trading with Europe 2025” rédigé par Walpole - l'organisme industriel du secteur du luxe britannique, qui représente des marques telles que Burberry Group et Fortnum & Mason - l'impact sur le secteur est de 81 milliards de livres sterling, soit environ 95 milliards d'euros, ce qui représente une baisse de 43% par rapport aux échanges potentiels si le Royaume Uni était resté au sein de l'UE.

Parmi les secteurs les plus touchés, le rapport met en évidence les pertes de la mode et des accessoires (-64%). Le secteur du luxe en Angleterre représente plus de 450’000 emplois et contribue à hauteur de 14,6 milliards de livres sterling au Trésor public.

Avec le Brexit, les entreprises ont rencontré de nombreux obstacles et des retards dus aux nouvelles exigences en matière de certification; les entreprises se sont aussi retrouvées confrontées à des problèmes de remboursement et de récupération de la TVA, ce qui a obligé certaines d'entre elles à absorber des pertes sur les marchandises retournées.

En conséquence, l'UE représentait déjà moins d'un tiers des exportations britanniques de produits de luxe à la fin de 2022 - année d’entrée en vigueur du Brexit - soit une baisse par rapport aux 42% enregistrés cinq ans auparavant.

En revanche, les exportations vers les marchés extérieurs à l'UE sont aujourd’hui presque revenues à leur niveau d'avant la pandémie.

Le potentiel de croissance du luxe anglais pourrait atteindre, selon les estimations de Walpole, environ 125 milliards de livres sterling d’ici 2028. Mais pour réaliser ces prévisions, il faudrait que les échanges commerciaux avec l’Europe progressent de manière favorable et ce dialogue reprit récemment entre Macron et Starmer, par exemple, envoie un bon signal. 

Des marques emblématiques telles que Burberry - en difficulté ces dernières années - ou Stella McCartney pourraient bénéficier d'une telle évolution, reconquérant ainsi les parts de marché perdues. Burberry, par exemple, pourrait relancer ses collections à destination des consommateurs européens, profitant d’une efficacité logistique accrue.

Si le dialogue entre Londres et Bruxelles se renforce, une nouvelle ère d'interconnexion au sein de l'industrie de la mode pourrait voir le jour.

Le 19 mai dernier, le Royaume-Uni et l'UE ont signé un accord post-Brexit sur la défense, la sécurité, la pêche et l’énergie; le Premier ministre britannique Keir Starmer a qualifié cet accord de «réinitialisation» des relations avec l’Union. Un premier pas pour une «réconciliation»?