Alors que les prévisions annonçaient déjà une contraction du marché du luxe d’au moins 2% d’ici fin 2025, la situation ne s’améliore pas avec la montée des droits de douane imposée par les États-Unis (15% sur les produits européens). Certains secteurs résistent quand d’autres, à l’instar de l’horlogerie suisse (39% de droits de douane) subissent de plein fouet le contexte actuel.
7 août 2025
Mise en vigueur des droits de douane américains (15%) sur les produits importés depuis l'Europe
€80 Mia
Part des États-Unis dans le chiffre d'affaires mondial (363 mia d'euros) des articles de luxe en 2024
-2 à -5%
Prévision de l'évolution du marché du luxe d'ici fin 2025
Le verdict est tombé. Dès le jeudi 7 août, et non plus le 1er août, tous les produits européens (à l’exception de certains secteurs) exportés vers les États-Unis seront imposés de 15%, contre 10% auparavant, et les biens suisses de 39%, le plus haut taux d’Europe. Après de longues semaines de négociation, si le vieux continent a réussi à échapper aux droits de douane généralisés de 30%, la Suisse se prépare à faire face à de difficiles conséquences économiques si aucun accord n’est trouvé jusqu’au 7 août. Le luxe, dans le viseur Donald Trump, peut-il résister ?
Les plus grandes menaces pour les entreprises de luxe sont le risque de récession et l'impact négatif des fluctuations du marché sur la confiance des consommateurs et la richesse nette du pays
Édouard Aubin, responsable de la recherche sur les marques de luxe européennes chez Morgan Stanley
Les États-Unis, marché clé pour l’industrie, représentent environ 80 milliards des 363 milliards d’euros du chiffre d’affaires mondial des articles du luxe. C’est évident que cette décision prise par le Président américain vient remettre en cause les différentes études des cabinets marketing sur les prévisions du luxe en 2025, réalisées plus tôt dans l’année. Alors que Bain & Company tablait, au plus probable, sur une nouvelle baisse modérée et une contraction annuelle du marché comprise entre -2% et -5%, vers quel scénario se dirige-t-on d’ici la fin de l’année 2025? Certains s’emploient à dire que le niveau de marge du luxe permettrait d’absorber le choc et sortir plus ou moins gagnants de cette accalmie diplomatique, tandis que d’autres naviguent à vue.
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«Les valeurs du luxe ont particulièrement souffert en Bourse, avec une chute de -14,1 % au premier semestre, contrastant fortement avec la progression de +6,6 % du Stoxx 600. À l’échelle mondiale, le marché des produits de luxe reste néanmoins robuste, avec des ventes attendues à 345 milliards de dollars pour 2025», a commenté Arthur Jurus, Head of investment office, private wealth management à la banque ODDO Suisse, dans une interview à Luxury Tribune.
En France, temple de la filière, plus de 2000 entreprises sont exposées à ces tarifs douaniers. L’année passée, le pays exportait près de 8% de son prêt-à-porter féminin, 13% de sa production de sacs à main et la même chose de produits cosmétiques. Ces derniers, pour la plupart français, qui expédient près de 2,8 milliards d’euros aux États-Unis (soit 12,6% des exportations françaises) prévoient une perte annuelle de 300 millions d’euros d’exportation, menaçant jusqu’à 5000 emplois dans l’hexagone. Autre secteur fortement impacté: les vins et spiritueux européens, qui sont eux aussi taxés à hauteur de 15% depuis ce 1er août, contre 10% auparavant. Le flou qui régnait sur ce secteur a été dissipé le 27 juillet selon un accord conclu entre Ursula von der Leyen et Donald Trump qui pourrait toutefois être encore amené à évoluer dans le cadre des négociations qui devraient se poursuivre à l’automne.
À contrario, l’Allemagne, qui expédie plus de 37 milliards d’euros par an de voitures aux États-Unis, voit sa situation «s’améliorer», ou autrement dit subir une tempête plutôt qu’un ouragan: les constructeurs européens étaient pénalisés, depuis avril, de droits de douane de 27,5% aux frontières des États-Unis, désormais abaissées à 15%.
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