MyBlend, la marque cosmétique luxe du groupe Clarins progresse, mais reste un défi en termes de rentabilité
By Justine Offredi25 décembre 2025
Cette année, c’est avec l’iconique Bürgenstock Resort Lake, à Lucerne, que la jeune marque du groupe Clarins a choisi de collaborer pour renforcer sa présence en Suisse. Un choix qui s’inscrit dans une stratégie de distribution ultrasélective, que nous explique son fondateur, le Dr Olivier Courtin, depuis les hauteurs du lac des Quatre-Cantons.
Fin novembre, sous un épais de manteau de neige, le Bürgenstock accueillait quelques membres de la presse, pour inaugurer l’arrivée de MyBlend au sein de son Alpine Spa. Lancée en 2007 au sein du groupe Clarins et entièrement repensée en 2022 par le docteur Olivier Courtin, la marque française de soins personnalisés MyBlend progresse avec prudence dans le vaste marché des soins de luxe.
Newsletters
Cet article vous plaît ?
Inscrivez-vous à nos newsletters pour recevoir les dernières publications et analyses selon nos 4 thématiques:
Venu spécialement pour l’occasion depuis Paris, Olivier Courtin, fondateur de MyBlend, directeur général du groupe Clarins et représentant de la deuxième génération de propriétaires avec son frère Christian Courtin, raconte les défis propres à une marque dite «Doctor brand» (marque de docteur) en pleine croissance. Entre un marché ultraconcurrentiel, des investissements importants qui freinent le chemin vers la rentabilité, et la nécessité de se faire un nom tout en préservant un positionnement de niche, l’équilibre reste encore difficile à trouver.
Un rêve de laboratoire devenu acteur de la Beauty Tech
Si l’on revient quelques années en arrière, Olivier Courtin imaginait, depuis son laboratoire, une gamme dermocosmétique entièrement personnalisable par le mélange des ingrédients, donnant son nom à la marque MyBlend. Constatant l’impact majeur du mode de vie sur la peau, il imagina un rituel de beauté, entouré d’experts en dermatologie, laserothérapie, nutrition et massage. Quelques années plus tard, il conserve le nom, mais fait évoluer le concept vers la personnalisation d’une routine plutôt que du produit, et s’étend aux marchés de la beauty tech et de la micronutrition.
Aujourd’hui, je suis persuadé que l’infrarouge est l’avenir du skincare
Olivier Courtin, fondateur de MyBlend et directeur général du groupe Clarins
Aujourd’hui, la marque, forte d’une trentaine de collaborateurs entre Paris et ses marchés européens, repose sur une approche holistique de la beauté inspirée des recherches du Dr Courtin en longévité et épigénétique. La gamme, composée à 90% d’ingrédients d’origine naturelle, s’articule autour de trois piliers: la dermocosmétique, la nutrition et la technologie. S’il faut compter en moyenne 75 euros pour un sérum et 260 euros pour la crème régénérante, produits phares de la marque, il faut débourser 1250 euros pour s’offrir le masque de luminothérapie MyBlend, le cheval de bataille d’Olivier Courtin. «C’est l’outil technologique sur lequel nous avons le plus de répondant parmi nos clients, car il est en pleine démocratisation. J’ai été le premier à développer ce masque avec 288 LED rouges et infrarouges pulsées il y a une dizaine d’années, mais, à l’époque, le marché n’était pas encore prêt. Aujourd’hui, je suis persuadé que l’infrarouge est l’avenir du skincare», affirme-t-il.
Dernier lancement technologique en date, le Lifting Roller, vendu au prix de 295 euros, un outil qui combine le microcourant, les vibrations et le massage mécanique à deux têtes. Utilisé avec un sérum à base d’eau pour conduire le courant électrique, il promet de stimuler les muscles peauciers, réactiver la régénération tissulaire et redessiner les contours du visage. Des technologies prometteuses certes, mais qui peinent à s’inscrire, comme l’ensemble de la gamme MyBlend, dans un univers ultra-concurrentiel.
Les hôtels de luxe comme accélérateur de notoriété
Nous visons la rentabilité à l’horizon 2030
Olivier Courtin, fondateur de MyBlend et directeur général du groupe Clarins
En se positionnant comme une marque de niche, exclusivement vendue dans des lieux d’exception, MyBlend a fait le choix d’une croissance contrôlée. Une stratégie misant sur le long terme, entièrement assumée par Olivier Courtin: «J’ai choisi de développer la notoriété de la marque à travers les hôtels de luxe principalement, puis les parfumeries et pharmacies haut de gamme, et ensuite l’e-commerce avec notre propre site web et des plateformes partenaires», explique-t-il.
«Je ne veux pas que MyBlend soit trop accessible. Nous sommes certes encore un petit acteur dans l’univers des soins, mais mieux vaut se battre sur un marché important que dominer un inexistant», nuance-t-il par la suite. Bien qu’en 2024 la marque réalisait un peu plus de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires, en progression d’environ 40 % sur une année, MyBlend s’échine à atteindre la rentabilité, faisant face à des investissements massifs en recherche et développement. Pour l’heure, rien qui n’inquiète le fondateur: «J’ai une année 2026 importante qui m’attend en termes de chiffres, avec la notoriété qui commence à arriver, nous nous approchons de plus en plus de notre objectif. Nous visons la rentabilité à l’horizon 2030.»
La marque française se trouve en effet dans une poignée d’établissements les plus prestigieux d’Europe tels que le Mandarin Oriental Lutetia à Paris, l’hôtel du Golf Barrière de Deauville, le Triforet Alpin Resort en Autriche, le Brach Madrid en Espagne ou encore le St Regis à Florence, auxquels elle offre à la fois ses produits, mais aussi ses protocoles de soins visages et corps mêlant massages et technologies de pointe. Ce n’est donc pas un hasard si Olivier Courtin a choisi le Bürgenstock Resort Lake Lucerne pour conquérir la clientèle suisse. Déployé sur plus de 10 000 mètres carrés et récemment récompensé par le 2025 Michelin Guide Wellness Award, l’Alpine Spa se veut l’une des destinations bien-être incontournables de l’arc alpin et collabore seulement avec trois marques de soins, triées sur le volet, offrant à MyBlend une vitrine importante.
Chercher la preuve scientifique
Face aux géants de la cosmétique, un seul objectif guide Olivier Courtin dans l’aventure MyBlend : «Devenir la marque la plus efficace et avant-gardiste sur le marché.»
Je travaille depuis le début sur l’épigénétique et la longévité qui sont pour moi l’avenir du marché du skincare
Olivier Courtin, fondateur de MyBlend et directeur général du groupe Clarins
«Quand on parle de peptides et de masques à LED anti-âge, je veux que l’on pense tout de suite à MyBlend. Être efficace par des preuves scientifiques est pour moi le seul moyen de concurrencer les mastodontes de la cosmétique», déclare-t-il. Certaines formules et produits, malgré leur popularité sur le marché, n’ont d’ailleurs jamais été lancés, faute de résultats jugés satisfaisants par le docteur. C’est en effet par ses découvertes scientifiques, comme gage de crédibilité, qu’il compte bien se démarquer, et dans ce contexte, les peptides ont fait leurs preuves. Cette molécule de petite taille composée d’acides aminés participe à la construction des protéines dans notre peau, permet d’agir sur la synthèse de collagène, l’inhibition de la mélanine et l’amélioration de l’élasticité et l’éclat de la peau. Après des années de recherche et plusieurs publications scientifiques en collaboration avec les laboratoires Clarins et le professeur Misery, MyBlend a lancé à partir de cette molécule l’un de ses produits iconiques: le Peptides-complex 4P.
L’une des autres convictions du Dr Courtin concerne l’épigénétique, un domaine en plein essor de la biologie, qui étudie l’influence de notre environnement sur l’expression de nos gènes. Autrement dit, la façon dont notre mode de vie influe sur le fonctionnement et le renouvellement de nos cellules. Sur ce point, Olivier Courtin est on ne peut plus convaincu: «Je travaille depuis le début sur l’épigénétique et la longévité qui sont pour moi l’avenir du marché du skincare. Je suis persuadé que notre style de vie a un retentissement très important au niveau de notre peau. À terme, j’aimerais créer un lieu unique qui regroupe les éléments ce concept, dans le but de transmettre les bonnes pratiques d’hygiène de vie et de longévité.»
Ces projets naîtront probablement dans un second temps, tout comme l’envie d’étendre la marque au-delà de l’Europe, notamment vers les États-Unis et la Chine, et pourquoi pas un jour, de s’implanter sur le marché du haircare. Autant d’idées que n’écarte pas le Dr Courtin, mais qui ne sont pas dans les priorités actuelles de la marque. «Pour l’instant, mon ambition n’est pas d’élargir la gamme, mais plutôt de l’améliorer, par exemple en intégrant un filtre UV à nos crèmes ou en développant des compléments alimentaires pour le corps. Et surtout de faire connaître la marque», conclut-il. Un défi de taille, qui conditionnera probablement l’avenir de MyBlend.
Partager l'article
Continuez votre lecture
Le microbiome, au cœur des innovations stratégiques des géants de la beauté
Le microbiome, l’écosystème de micro-organismes vivant sur la peau et dans l’intestin, s’impose aujourd’hui comme une source inépuisable d’innovations pour les géants de la beauté et même de la mode. Parmi eux, Shiseido, L’Oréal, mais aussi Coperni capitalisent sur ses pouvoirs.
La Clinique La Prairie innove en matière de longévité
Pour célébrer ses 90 ans, la Clinique La Prairie propose désormais à ses hôtes un nouveau dépistage épigénétique et une édition renforcée de son programme de revitalisation. Une approche unique pour rajeunir son corps et son esprit.
Newsletters
Cet article vous plaît ?
Inscrivez-vous à nos newsletters pour recevoir les dernières publications et analyses selon nos 4 thématiques: