Le microbiome, au cœur des innovations stratégiques des géants de la beauté
Le microbiome, l’écosystème de micro-organismes vivant sur la peau et dans l’intestin, s’impose aujourd’hui comme une source inépuisable d’innovations pour les géants de la beauté et même de la mode. Parmi eux, Shiseido, L’Oréal, mais aussi Coperni capitalisent sur ses pouvoirs.
Depuis une dizaine d’années, la science du microbiome cutané est au cœur des récentes batailles pour atteindre le graal de la beauté. Cartographier cet écosystème vivant et mieux le comprendre a longtemps dépendu des avancées technologiques et scientifiques. C’est toujours le cas, mais tout avance plus vite. Grâce au séquençage génétique de nouvelle génération (NGS), il est désormais possible d’analyser précisément la composition du microbiote sans passer par la culture bactérienne. Si le génome humain est constitué d’environ 30 000 gènes, le microbiome en compte plus de 3 millions, dont la plupart sont situés dans l’intestin, selon un article de la Revue médicale suisse.
L’intestin n’est pas le seul théâtre de cette bénéfique prolifération, puisque la peau, le plus grand de nos organes, cultive un écosystème de bactéries, de virus, de champignons et de parasites tout aussi exceptionnel. C’est là que le cœur des recherches en cosmétiques se situe.
Le secteur de la dermocosmétique en croissance
Avec Gallinée, nous avons été les premiers à capitaliser sur les bactéries et le microbiome
Dr Marie Drago, fondatrice de la marque Gallinée (Gallinée)
De manière générale, les groupes qui intègrent la dermocosmétique ont connu récemment une croissance positive de 10% en moyenne.
Pionnière du domaine du microbiome cutané, la docteure en pharmacie Marie Drago, fondatrice de la marque Gallinée il y a dix ans – aujourd’hui propriété du groupe japonais Shiseido – raconte: «Avec Gallinée, nous avons été les premiers à capitaliser sur les bactéries et le microbiome. À l’époque, personne ne comprenait vraiment de quoi il s’agissait. Nous avons été capables de développer de la propriété intellectuelle sur nos recherches, une démarche plutôt rare pour une marque indépendante. Le fait d’avoir été pionniers, d’être invités à tous les grands congrès scientifiques dans le domaine nous permet de garder une belle longueur d’avance sur la recherche. Comme L’Oréal ou Unilever, j’ai accès à toutes les nouvelles idées sur le microbiome, et mes compétences en marketing et en création de produits me permettent d’aller plus vite sur les développements. Gallinée est une petite marque, cela donne un avantage de flexibilité.»
C’est bien là tout l’attrait de la marque aux yeux du groupe Shiseido, qui bénéficie des meilleures avancées, grâce à ce laboratoire très prolixe. Marie Drago, aujourd’hui directrice de la création chez Gallinée poursuit: «Shiseido a l’ambition de se développer dans le secteur pharma de la beauté, qui marche très bien, mais c’est aussi tout le volet de la propriété intellectuelle qui l’intéresse. Mes brevets sont aujourd’hui intégrés au groupe et Shiseido commence à développer des produits en lien avec mes innovations. De notre côté, pouvoir accéder à un écosystème de recherche exceptionnel est très précieux. Lorsque j’ai visité le laboratoire Shiseido de Yokohama, j’ai pu observer 900 chercheurs à l’œuvre, au cœur d’un immeuble ultramoderne. C’est très intéressant!»
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Le rachat de Gallinée par Shiseido en 2022 illustre l’appétit du secteur pour le domaine. «Le microbiome est une science jeune, mais elle avance vite, explique Marie Drago. Il y a dix ans, la bactérie de l’acné était considérée comme mauvaise. Aujourd’hui, on sait qu’elle peut produire des molécules anti-âge et anti-inflammatoires.»
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