François-Henri Bennahmias lance sa nouvelle structure The Honourable Merchants Group
L’ancien CEO d’Audemars Piguet révèle enfin le projet qui l’occupe depuis plus d’un an. François-Henri Bennahmias lance un groupe composé de sept entités, dont de l’horlogerie, de la mode, de la joaillerie, du lifestyle, et des services. Avec The Honourable Merchants Group, il veut révolutionner le monde des affaires et de l’investissement.
Ce 17 septembre, au Millenium à Crissier, en Suisse, François-Henri Bennahmias lève enfin le voile sur la nouvelle structure qu’il développait dans le plus grand secret. La société baptisée The Honourable Merchants Group (THMG) rassemble sept entités sous lesquelles vont être créés des montres, des vélos électriques, jusqu’à la gestion de collections. Depuis son départ de la direction de la marque Audemars Piguet en décembre 2023, François-Henri Bennahmias a peu à peu constitué une équipe aujourd’hui composée de 70 collaborateurs, tous ultraprofilés selon les structures du groupe et payés, pour l’heure, sur ses fonds propres. Rejoint par un nombre d’investisseurs suisses et étrangers, il veut désormais révolutionner la manière de conduire des affaires. Et se dit convaincu que le modèle d’un capitalisme effréné fondé sur le profit à tout prix doit changer. C’est la motivation principale de celui qui a contribué à propulser l’horlogerie suisse haut de gamme au rang de bien de luxe désirable et à la valeur durable, auprès des collectionneurs comme de la nouvelle génération. À quelques jours du lancement, Luxury Tribune a eu l’opportunité exclusive de le rencontrer, de comprendre son modèle d’affaires et de constater que son sens de la formule n’a pas changé.
Vous lancez une nouvelle société The honourable merchants Group (THMG). D’où vient cette idée?
François-Henri Bennahmias: Tout est parti d’une rencontre en 2017 avec Brunello Cucinelli, dont je voulais faire la connaissance depuis longtemps. Après avoir passé 48 heures chez lui à Solomeo, ce fut une véritable révélation, voire une révolution. Sa philosophie humaniste m’a profondément marqué. Durant ce séjour, nous avons aussi découvert qu’il venait de recevoir un titre honorifique, celui de Honourable merchants (marchands honorables), hérité du XIIe siècle en Italie et en Allemagne. À l’époque, ce titre évoquait des valeurs humaines et commerciales très fortes. Ce concept m’a immédiatement parlé. Puis, lorsqu’il a fallu chercher un nom pour le groupe, nous avons découvert que les mots honourable merchants n’étaient pas déposés. C’était le nom parfait.
Concrètement, quelle sera la philosophie du groupe?
Nous allons développer plusieurs verticales: horlogerie, joaillerie, mode, art, services, lifestyle, management sportif, et d’autres suivront. Les deux grands fils rouges qui vont guider nos actions sont, tout d’abord le refus de la logique du «toujours plus». Après avoir été bénéfiques à l’évolution de l’économie de la deuxième partie du XXe siècle, les deux dernières décennies ont montré les dégâts du capitalisme effréné, tels que des dégâts environnementaux, humains et une concentration des richesses. Notre second pilier se focalise sur l’humain. Je ne veux plus jamais que quiconque soit laissé sur le bas-côté de la croissance. C’est la raison pour laquelle nous procéderons à une redistribution des profits auprès de tous les employés, de l’ouvrier au CEO.
Nous voulons donc bâtir ou accompagner des sociétés pour qu’elles croissent de manière organique, durable et qualitative, sans pression temporelle. Notre modèle n’est pas un fonds classique de private equity qui rachète une société pour la revendre rapidement avec une plus-value maximale. Si une entreprise totalise 30 millions de chiffre d’affaires aujourd’hui et a les capacités d’atteindre 100 millions, nous l’envisagerons, à longue échéance. Si elle trouve son équilibre à 90 millions, tant mieux. Il n’y a pas d’urgence. Ce qui compte, c’est la solidité, la qualité et le respect de l’âme de chaque marque et des collaborateurs qui font son succès.
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Vous parlez aussi de partage de la valeur avec les collaborateurs…
Oui, c’est fondamental. Trop souvent, les fruits de la croissance vont uniquement aux dirigeants ou aux actionnaires. De fait, dès qu’il y aura profit, une partie sera partagée avec l’ensemble des collaborateurs, de l’ouvrier jusqu’au top management, au prorata des salaires. Ce sera inscrit dans notre manifesto. De la même manière, si l’on se sépare d’une société, nous redistribuerons une partie de la valeur générée sur l’ensemble des collaborateurs. Je ne veux plus voir quelqu’un qui a contribué au succès d’une entreprise être laissé de côté.
Votre modèle ressemble pourtant à certains fonds de «private equity» spécialisés dans le luxe et les business familiaux, que certaines banques privées proposent…
Non, car la philosophie est différente. Les fonds ont souvent des échéances financières à respecter et des scores à assurer. Cela pousse à des décisions court-termistes, parfois destructrices. Je me souviens d’une entreprise qui avait parfaitement réussi sa croissance être rachetée par un fonds. Ce dernier a brutalement licencié son fondateur. Quelque temps plus tard, la société perdait toute sa valeur. Je ne veux pas de ce modèle. Autre point, lorsque vous rentrez dans un private equity, vous êtes obligé d’acheter un éventail de produits. Ce ne sera pas le cas chez nous. Les investisseurs pourront choisir les verticales qu’ils préfèrent. THMG sera le garant de la philosophie.
Comment allez-vous choisir vos investisseurs?
Nous ne les choisissons pas, car ils viennent d’eux-mêmes.
Qui sont-ils?
Le premier est un investisseur privé suisse, dont je ne donnerai pas le nom, qui vient avec nous sur la verticale horlogère, mais sur les vélos, nous aurons des investisseurs français, suisses, et même probablement de Dubaï. Sur la partie des services, nous en comptons encore deux autres. Cela dépend.
Quelle est la masse financière qui vous permet de lancer votre activité?
Quelques centaines de millions, sur sept verticales, dont deux sont annoncées aujourd’hui.
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