À 91 ans, Giorgio Armani prépare l’avenir de son empire

À l’âge de 91 ans, Giorgio Armani continue de surprendre l’univers de la mode dans lequel il est un vrai pilier. Samedi dernier, il inaugurait, dans le cadre somptueux de la Mostra de Venise (le Festival international du film de Venise, ndlr), une toute nouvelle plateforme dédiée aux archives de la maison, autour d’un dîner au profit de l’UNICEF suivi d’une soirée au Tesa 113 de l’Arsenale. Dans le même temps, il signait la nouvelle collection officielle de la Juventus, l’iconique équipe italienne de football.

La plateforme Armani/Archivio pour la préservation du patrimoine historique de la maison a eu un succès immédiat lors de sa présentation samedi dernier à l’Arsenal de Venise, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la fondation Armani. Elle présentera et rendra accessibles plusieurs collections passées et intemporelles imaginées par le créateur pendant sa longue carrière, en ligne depuis le samedi 30 août sur archivio.armani.com et dans un lieu physique près de Milan. Tous les employés du groupe ont un accès complet à la plateforme tandis que le public pourra explorer une première sélection de 57 looks.

Malgré cette énergie inépuisable, le légendaire créateur italien pense très sérieusement à l’avenir de son groupe. Vendredi dernier, lors d’une interview donnée à How to Spend It, le supplément du magazine économique Financial Times, le styliste a annoncé son plan de succession: «Il consiste à transférer progressivement les responsabilités que j'ai toujours assumées à mes proches, comme Leo Dell’Orco*, aux membres de ma famille et à l'ensemble de l'équipe».

Si la volonté et la créativité ne lui font pas défaut, Giorgio Armani a été récemment atteint par une série de problèmes de santé qui l’ont empêché d’assister aux défilés des fashion week de Paris et Milan, en juin dernier. Pour la maison, cette absence signifie beaucoup, le styliste n’ayant jamais manqué un seul défilé depuis 1975.

Armani, directeur de la création et PDG du groupe, souhaite donc une transmission progressive, dont les bénéficiaires seraient ses collaborateurs les plus proches et les membres de la famille déjà impliqués dans l’entreprise, comme sa nièce Roberta Armani. Le choix de la relève tombe aussi tout naturellement sur *Pantaleo Dell’Orco, responsable du design masculin et bras droit du styliste depuis 1977. Armani tient particulièrement à cette idée de «succession douce» pour garantir la pérennité de sa vision artistique et s’appuyer sur une gouvernance familiale.

Les problématiques générées par des exemples de succession brutale, comme pour Gianni Versace, ont probablement influencé cette décision. «J'aimerais que la succession soit organique et ne soit pas un moment de rupture», a-t-il d’ailleurs confié.

Les enjeux sont de taille puisque le groupe Armani a enregistré l’année dernière un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros. Le créateur, Armani, est l’actionnaire unique de la société, qu’il détient ainsi à 100%, un cas plutôt unique dans l’univers de la mode de luxe.