La famille Pinault lève 400 millions d’euros pour redresser Kering

La holding Artemis, détenue par la famille milliardaire Pinault, qui contrôle le groupe Kering, vient d’annoncer une levée de 400 millions d'euros auprès d'investisseurs. Cette opération marque un tournant significatif pour le groupe de luxe, qui s’apprête à accueillir son nouveau CEO venu du monde de l’automobile, l’italien Luca De Meo. Au 15 juillet prochain, le directeur général de Renault quittera ses fonctions pour seconder François-Henri Pinault.

Les coordinateurs de cette opération financière d’envergure ont été choisis. Il s’agit des banques d’affaires BNP Paribas, Crédit Agricole CIB, Natixis et J.P. Morgan. L’obligation émise arrivera à échéance le 1er décembre 2030 avec un taux d'intérêt annuel situé entre 1 et 1,5%.

La décision de mobiliser des fonds maintenant s'inscrit dans un contexte économique tendu où l'industrie du luxe montre tout de même des signes de résilience. Kering, qui possède des fleurons comme Gucci et Saint Laurent – dont le défilé homme printemps/été 2026 a eu lieu hier à Paris lors de la Fashion Week sous la direction d’Anthony Vaccarello - a connu une période particulièrement difficile ces dernières années. Le groupe a fait face à une forte baisse de ses ventes et des défis majeurs, notamment dans la gestion de sa marque phare, Gucci.

Avec un recul de 24% de son chiffre d’affaires au premier trimestre 2025 par rapport à la même période l’année précédente, Gucci continue de chuter. En mars dernier, le groupe a décidé de nommer le styliste Demna Gvasalia à la direction artistique, espérant renouer avec la croissance.

Malgré cela, plusieurs analystes s’accordent pour dire que le marché du luxe pourrait connaître un rebond dans les prochains mois, grâce à la reprise en Asie et particulièrement en Chine, qui reste toujours un axe stratégique primordial.

La société de la famille Pinault a également fait savoir aux investisseurs qu’ils pourront, outre les paiements d'intérêts annuels, réaliser des gains supplémentaires grâce à un règlement en espèces lié à la performance des actions de la société, si celles-ci augmentent d'au moins 35% par rapport à leur valeur actuelle d'ici à la fin de 2030.

L'offre a déjà été totalement souscrite, car la demande a dépassé la taille de l'opération. La holding Artemis reste tout de même lourdement endettée: à la fin du mois de mai, sa dette financière s’élevait à 7,1 milliards d’euros.

Le pari fait par la famille Pinault est donc de taille, mais François-Henri Pinault avait déjà entrepris plusieurs actions pour libérer du cash, dont la cession d’actifs immobiliers pour plus de 800 millions d’euros et un emprunt obligataire de 750 millions d’euros. En levant ces 400 millions d'euros, Artemis semble miser sur une embellie prochaine du secteur du luxe, se positionnant ainsi comme un acteur capable de soutenir Kering dans ses offensives futures. Si le groupe n’a pas divulguer où seront adressés les fonds, il est probable qu’ils soient investis dans la recherche et innovation, le développement numérique et les initiatives durables.

Cette opération permettra en tous cas à Kering de se stabiliser et de renforcer sa structure financière. De plus, cette initiative envoie un signal positif aux marchés: la forte demande des investisseurs a démontré le niveau de confiance dans la capacité de Kering à se redresser et progresser. Ceci pourrait se traduire par une hausse du cours de l’action de la société dans les prochains jours.