Luca de Meo devrait reprendre la direction de Kering

Le départ de Luca de Meo (58 ans) après cinq ans à la tête du groupe automobile Renault a été une surprise générale. Hier dimanche 15 juin, le conseil d’administration était convoqué pour préparer la suite. La sidération était totale, au moment où Luca de Meo, le passionné de voitures depuis 30 ans, annonçait sont départ le 12 juin dernier au président de Renault Jean-Dominique Senard. Il y a cinq ans, il se voyait confier les rênes du groupe, pour travailler à ses côtés et redresser le groupe en difficulté, en supprimant, entre autres, plus de 15 000 emplois. Il faut se rappeler qu’en 2019, un an avant sa venue, Renault vivait un épisode traumatisant après l’arrestation rocambolesque de Carlos Ghosn.

Aujourd’hui, et après avoir brillamment redressé Renault et présenté il y a quelques jours le plan Futurama, Luca de Meo s’en va pour rejoindre une industrie qu’il ne connaît pas: le luxe. C’est François-Henri Pinault qui aurait été séduit par cet homme passionné et collectionneur de montres, selon les dires, pour l’aider à redresser Kering, en difficulté depuis trois ans. Ce dernier, âgé de 63 ans, fait face à des vents contraires depuis que les ventes de Gucci, la marque phare et pesant pour près de la moitié dans le chiffre d'affaires du groupe s'effondrent (en 2024, le chiffre d’affaires de Gucci est tombé à 7,65 milliards d’euros, contre 9,9 milliards d’euros en 2023).

En effet, le groupe assiste à une chute progressive de son chiffre d’affaires: après avoir culminé à 20,35 milliards d’euros en 2022 (son meilleur chiffre), les ventes se sont repliées à 19,6 milliards d’euros en 2023, puis à 17,2 milliards d’euros en 2024, soit un recul cumulé d’environ 15 %. Mais le résultat net a également fortement été impacté, puisqu’il a été divisé par trois entre 2022 et 2024, passant de 3,61 milliards d’euros à 1,13 milliard d’euros.

Et les résultats du premier trimestre 2025 ne sont pas plus brillants, puisque Gucci continue de chuter avec un recul de 24% par rapport à la même période en 2024, et un chiffre d’affaires de 1,57 milliard d’euros. En mars dernier, le groupe décidait de remplacer Sabato de Sarno par Demna Gvasalia à la direction artistique.

Décision serait donc prise de scinder la position de François-Henri Pinault en deux, et de confier la direction générale de Kering à Luca de Meo. A signaler qu’en septembre 2023, Pinault avait choisi de confirmer Francesca Bellettini, ex-directrice générale de Saint Laurent et artisane de la success story de la marque au poste de directrice générale adjointe en charge du développement des marques et Jean-Marc Duplaix en tant que directeur général adjoint en charge des finances.

Le milieu automobile se demande aujourd’hui ce qui aurait poussé Luca de Meo à partir. Ce dernier aurait répondu souhaiter vivres d’autres aventures et préciser: «Il arrive un moment dans sa vie où l’on sait que le travail est accompli». Les difficultés que vit aujourd’hui l’industrie automobile européenne sont extrêmes fortes, face aux marques concurrentes chinoises. Mais les ventes ne sont pas plus clémentes pour l’industrie du luxe, qui vit actuellement une baisse générale des ventes, principalement dues à la chute de la demande en Chine, et à une forte incertitude liée aux taxes douanières imposées par l’administration américaines. Ces dernières devraient d’ailleurs être sur la table des discussions au G7 qui s’ouvre au Canada aujourd’hui.

Plusieurs actions ont déjà été entreprise par François-Henri Pinault pour libérer du cash, dont la cession d’actifs immobiliers pour plus de 800 millions d’euros, et un emprunt obligataire de 750 millions d’euros.