Kering réorganise ses forces créatives: le groupe a annoncé lundi 19 mai la nomination de Pierpaolo Piccioli à la tête de la création de Balenciaga. Une décision qui intervient dans un contexte tendu pour le groupe de luxe, marqué par une chute de ses résultats et une pression croissante pour se réinventer.
L’arrivée du créateur italien, resté discret depuis son départ de Valentino en mars 2024, marque un tournant pour la maison, alors que son prédécesseur, Demna, vient d’être nommé chez Gucci.
Ancien directeur artistique de Valentino, Piccioli s’était imposé par une lecture contemporaine et sensible des codes de la maison italienne, alliant rigueur stylistique et engagement personnel. Son passage avait été salué pour sa capacité à conjuguer héritage et innovation.
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Chez Balenciaga, il prend le relais après dix années marquées par l’esthétique radicale et les partis pris assumés de Demna. Une période créative intense, mais aussi jalonnée de polémiques, notamment liées à la communication de la marque. Kering semble aujourd’hui vouloir opérer un recentrage: renouer avec les fondements de la maison tout en construisant un récit plus mesuré, en phase avec les nouvelles attentes du marché.
«Je reçois une maison pleine de possibles et absolument fascinante. Je tiens avant tout à remercier Demna, dont j’ai toujours admiré le talent et la vision. Je ne pouvais rêver meilleur passage de flambeau» a déclaré Pierpaolo Piccioli.
Le créateur romain, connu pour sa discrétion et ses défilés spectaculaires, avait collaboré pendant des années avec Maria Grazia Chiuri, d’abord chez Fendi puis chez Valentino. Il avait pris seul la direction artistique de cette dernière en 2016.
Ce changement intervient dans un climat de tension pour Kering. En 2024, le groupe a enregistré une chute de 12 % de son chiffre d’affaires, à 17,2 milliards d’euros, après un recul déjà amorcé en 2023. Malgré cette annonce, l’action Kering stagne à 174 euros, signe d’un accueil réservé de la part des marchés.
Au-delà du renouvellement créatif, Balenciaga devra faire face à des enjeux structurels: un marché du luxe moins sensible à l’effet de mode, plus attentif aux questions de durabilité, d’éthique et de cohérence de marque. Des thématiques déjà présentes dans le travail de Piccioli, qui pourrait offrir à Balenciaga une nouvelle trajectoire, moins spectaculaire mais plus lisible.
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