Voyage & Bien-être

«Workation», le concept qui donne du souffle à l’hôtellerie

Fabio Bonavita

By Fabio Bonavita30 octobre 2020

Faire rimer télétravail et détente, c’est la mission du «workation». Ce nouveau concept séduit les palaces du monde entier qui y voient une manière de diversifier leur offre en ciblant les nomades digitaux à fort pouvoir d’achat.

Né il y a une dizaine d’années en Californie, le «workation» connaît un succès sans précédent depuis le début de la pandémie de coronavirus. Ce concept alliant télétravail et vacances est désormais proposé par les plus grands hôtels du monde afin de palier à l’absence de tourisme transcontinental. En France, la chaîne Hyatt vient de s’y mettre comme le confirme Michel Morauw, vice-président Hyatt France: «Nous sommes heureux d’initier les Français à ce concept encore peu connu et de proposer ainsi, dans ce contexte si particulier, des moments de vie à la fois productifs et agréables au sein de nos hôtels.» L’offre combine un early check-in dès 8h du matin et un late check-out jusqu’à 18h. Elle est proposée dans une sélection d’établissements comme le Park Hyatt Paris Vendôme, le Hyatt Regency de Nice ou encore, notamment, l’hôtel Martinez de Cannes. Son principe est simple. On y travaille la journée et une fois ses tâches accomplies on peut y profiter des divers restaurants et autres services proposés.

La pandémie a accentué le besoin d'allier détente et travail. (DR)

Travailler au cœur d’un atoll

Un télétravail cinq étoiles qui s’explique selon Quentin Desurmont, fondateur de l’agence franco-suisse Peplum et du label Traveller Made: «Les palaces de ville ont toujours accueilli une belle clientèle d’affaire durant la journée. Entre deux rendez-vous, les dirigeants du monde finissent des dossiers, lisent leurs emails et vont parfois faire une séance de gym ou un massage au spa. La pandémie a accentué ce besoin. Les femmes et hommes d’affaires sont bien mieux accueillis et aussi mieux protégés par les conditions sanitaires dans les hôtels cinq étoiles.» Avant d’ajouter: «Il leur est aussi souvent plus simple et plus plaisant d’aller en centre-ville où sont situés les palaces au lieu des bureaux gigantesques et vides en banlieue. Enfin, à l’heure où les hôtels tournent à un faible taux d’occupation, il est agréable d’y aller, d’autant que de nombreuses offres les rendent abordables. D’une manière générale, la capacité des acteurs hôteliers à être créatifs pour mieux capturer leur marché local et régional va grandissante.» Le Nautilus aux Maldives l’a bien compris. Ce resort de luxe vient de lancer un package workation à plus de 23'000 dollars la semaine. A ce prix-là, le travail devient un pur plaisir avec bureau donnant sur l’océan indien, service de blanchisserie, assistant personnel, restaurants gastronomiques et boissons fraîches à volonté. Le tout niché au cœur de l’atoll de Baa.

Aux Maldives, le Nautilus propose un package workation pour une semaine. (DR)

De Las Vegas à Singapour

Les palaces doivent se réinventer pour faire venir une clientèle différente et locale

Quentin Desurmont, fondateur du label Traveller Made

Toujours aux Maldives, le One&Only Reethi Rah situé sur l’île de Laccadive à environ une heure de bateau de la capitale Malé propose également un forfait «Stay a while longer» alliant travail et détente. Pour pouvoir effectuer ses séances Zoom dans l’une des luxueuses villas au toit de chaume, il faut compter, pour deux personnes, 42'000 dollars pour sept nuits. Wifi à haut débit et garde des enfants sont assurés par le personnel de l’établissement. Sans sa clientèle internationale, le Fullerton Hotel de Singapour s’est également laissé séduire par cette tendance. Il permet désormais de louer des chambres pour une durée de douze heures avec des horaires d’enregistrement flexibles allant de 7 à 23 heures. Les suites sont équipées d’une connexion wifi gratuite, d’écrans plats dernière génération et d’un balcon privé donnant sur le fleuve de la ville. A Las Vegas, la chaîne MGM Resorts propose également le workation dans deux de ses établissements, l’Aria et le Vdara. Sur son site, on peut y découvrir son principal argument: «Une fois la journée de travail terminée, vous pourrez vous détendre au casino, savourer une cuisine de classe mondiale et dormir comme un roi dans un lit en peluche que vous n'aurez pas à faire le matin. De plus, vous recevrez jusqu'à 375 dollars de crédits de restauration et votre propre assistant exécutif qui vous aidera à faire des réservations et à prendre des rendez-vous. Il s'assurera aussi que vous avez tout ce dont vous avez besoin pendant votre séjour.»

Le concept de workation séduit les hôtels du monde entier. (Unsplash)

Rester désirable

Une vision du télétravail en mode cocooning essentielle selon Quentin Desurmont: «Les hôtels de ville auront du mal à repartir dans les six prochains mois tant qu’il n’y a pas de vaccin ou de médicament. Il est primordial de se réinventer pour faire venir une clientèle différente et locale. A Paris, le Bristol a réussi à faire venir une nouvelle clientèle «drive-in» qui n’y aurait peut-être jamais mis les pieds. L’Hôtel Brach, en ouvrant tôt cet été a réussi à attirer une clientèle de palace qui ne pouvait se rendre dans d’autres établissements, quasi tous fermés cet été. Les cinq étoiles doivent rester visibles et désirables, car ils sont plus que des hôtels, ce sont des icônes, des lieux de vie merveilleux grâce à l’élégance de leurs espaces et à la perfection de leur service.»

Partager l'article

Continuez votre lecture

S'inscrire

Newsletter

Soyez prévenu·e des dernières publications et analyses.

    Conçu par Antistatique