Meta renforce son influence sur EssilorLuxottica et parie sur les lunettes intelligentes

Cette participation, déjà évoquée cet été par une source anonyme citée par Bloomberg, est désormais officielle: Meta détient au moins 3% du capital d’EssilorLuxottica, a confirmé un membre du conseil d’administration du groupe franco-italien. Pour l’heure, ni EssilorLuxottica, ni Meta, ni Alphabet (maison mère de Google) n’ont toutefois commenté publiquement l’information.

Hier, l’annonce est tombée dans un contexte délicat: Alphabet s’apprête à faire de l’ombre à Meta avec le lancement de sa première collection de lunettes connectées prévue d’ici à 2026. Par conséquent, le titre EssilorLuxottica a perdu 4,5% sur les marchés boursiers. Un coup dur pour le groupe qui avait vu son action grimper de 5% à la Bourse de Paris l’été dernier, après les premières révélations de Bloomberg, traduisant la confiance des investisseurs dans ce secteur qui ne connaissait quasiment pas de concurrence jusqu’à présent.

Selon le membre du conseil d’administration d’EssilorLuxottica, la participation de Meta pourrait atteindre jusqu’à 5% à l’avenir. Pour l’instant, le géant des technologies n’a pas demandé de siège au conseil, ce qui suggère qu’il s’agit d’un investissement surtout stratégique et financier, plutôt que d’un rachat avec un objectif de contrôle.

La montée au capital de Meta, estimée autour de 3 milliards d’euros, est plus qu’un simple pari financier. Elle illustre la volonté de Meta de s’inscrire durablement dans l’écosystème des lunettes du futur, et plus particulièrement des modèles connectés. Depuis 2019, Meta et EssilorLuxottica collaborent sur le développement de smart glasses, combinant vision, technologies numériques, capteurs, intelligence artificielle et vidéo. Le projet est devenu concret avec les premières lunettes Ray-Ban Meta commercialisées en 2023, puis les modèles Oakley Meta lancés cet été, une nouvelle catégorie de lunettes Performance AI conçues pour les athlètes et les fans.

Pour EssilorLuxottica, les enjeux sont de taille: bénéficier de la puissance technologique et logicielle d’un géant de la Silicon Valley, tout en accélérant l’industrialisation et la distribution de lunettes connectées à grande échelle sur les marchés internationaux. De son côté, Meta sécurise sa chaîne de production pour ses lunettes connectées, et prépare un futur où les smart glasses pourraient rivaliser un jour avec les smartphones.

Il est probable que cette confirmation officielle du partenariat serve à rassurer les investisseurs dans une période sensible, car outre les annonces de Alphabet/Google, Meta pourrait souffrir aussi sur le plan judiciaire: la Commission européenne a ouvert le 4 décembre une enquête antitrust visant la firme américaine. Cette procédure concerne les fonctionnalités d’IA sur la plateforme de messagerie WhatsApp. Un contexte qui pourrait peser sur la perception des investisseurs, malgré le potentiel de croissance du marché des lunettes connectées.