Location saisonnière: un glissement du marché vers l’ultraluxe

Les grandes plateformes de location court terme ont du souci à se faire. Un désintérêt de la clientèle face à des prix de moins en moins intéressants, ainsi que des règlementations plus strictes dans certaines grandes villes. Barcelone, par exemple, a opté pour des restrictions radicales le 1^er juillet dernier, entre autres en mettant un terme au renouvellement des licences touristiques, afin de voir s’éteindre progressivement l’embrasement qu’avait créé la location saisonnière sur le marché résidentiel. Une mesure qui vise à libérer environ 10 000 logements à l’horizon 2028-2029. New York a aussi vu chuter son offre de locations saisonnières de 22 000 à moins de 4000, suite à des lois plus strictes implémentées en septembre 2023. Des restrictions qui concernent une centaine de villes de par le monde, et qui semblent se faire sentir plus notablement pour l’instant sur le marché nord-américain, affecté en outre par une chute de 12% d’arrivée des visiteurs étrangers cette année, que le Washington Post rapporte comme une conséquence directe de la politique de Trump.

Un ensemble de facteurs qui pèsent aujourd’hui sur les grandes plateformes de location: tandis qu’au premier trimestre 2024, Airbnb rapportait un bénéfice net de 264 millions de dollars, le géant de la location à court terme enregistre un bénéfice net de 154 millions au premier trimestre 2025 (Airbnb Newsroom).

Pourtant, plutôt qu’un crash, certaines analyses y voient une arrivée à maturation du marché, qui se stabiliserait finalement après une expansion vertigineuse. Car n’oublions pas que le directeur général d’Airbnb, Brian Chesky, aime à rappeler que la start-up avait mis de nombreuses années avant d’être rentable et de devenir la multinationale qu’elle est aujourd’hui. Fondée en 2008, la compagnie est restée en perte nette jusqu’en 2019, suite à quoi elle a essuyé plus de deux ans de pandémie précipitant une chute brutale de l’activité, et le licenciement de 25% de son personnel.

L’entrée en bourse de la marque a malgré tout eu lieu fin 2020, et ce n’est qu’en 2022 que la compagnie enregistre pour la première fois un exercice complet bénéficiaire. Le site a donc fonctionné pendant plus d’une décennie à perte pour ses fondateurs et investisseurs, tandis qu’il bénéficiait déjà à ses utilisateurs. Vue sous cet angle, cette stabilisation s’avère rassurante, voire souhaitable.