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Le luxe doit montrer la voie de l’appréciation culturelle

Morgane Nyfeler

By Morgane Nyfeler27 septembre 2022

Si l’artisanat a toujours été célébré comme un symbole de luxe dans la mode, les artisans n’ont que peu été reconnus à la juste valeur de leur art et de leur culture. Aujourd’hui, les diverses accusations d’appropriation culturelle agitent les marques. Une nouvelle vague de créateurs célèbre la créativité des personnes qui travaillent dans l'ombre et leur rend le pouvoir.

Roots Studio établit des partenariats équitables entre des artistes indigènes et des marques de mode, par le biais de licences de création textile (Roots Studio)
Né et basé à Londres, le designer sri-lankais Amesh Wijesekera, diplômé de l'Académie de design du Sri Lanka, célèbre la diversité, la fusion culturelle, l'individualité et le sens de la liberté. (AMESH_TAVISH GUNASENA)

L'industrie de la mode entretient une relation ambiguë avec l'appropriation culturelle depuis des décennies. Cependant, une conscience accrue du phénomène émerge, accélérée par l’époque actuelle, où diversité et inclusion sont examinées de près. Mais que signifie concrètement le terme? Il désigne globalement les marques occidentales qui reprennent des symboles, des imprimés et des vêtements d'autres cultures sans en mentionner correctement la source, ni en respecter la signification. Parmi les marques récemment épinglées, citons Isabel Marant, qui a été accusée d'exploiter commercialement des motifs indigènes traditionnels mexicains dans plusieurs collections, ou le foulard d'inspiration palestinienne de Louis Vuitton, qui a été retiré du site web en 2021 après avoir été critiqué sur les médias sociaux. Dans la plupart des cas, la marque reconnaît son erreur et retire le vêtement en présentant ses excuses, sous la pression des réseaux sociaux. Cette prise de conscience peut être un levier important pour les cultures indigènes, et favoriser une création qui respecte les communautés, au lieu de les écarter de la conversation.

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Favoriser l'appréciation culturelle dans la mode de luxe

Nous constatons que de plus en plus de marques recherchent des collaborations locales et des échanges artistiques plus responsables

Rebecca Hui, fondatrice et directrice générale de Roots Studio

Il est indéniable que la volonté de combler les inégalités entre les directeurs de création et les artisans de l'industrie de la mode est de plus en plus affirmée. La durabilité et la transparence ont été des sources de préoccupation au cours des dernières années et les acheteurs sont plus engagés dans la traçabilité, demandant où et par qui leurs vêtements sont fabriqués. «Nous constatons que de plus en plus de marques recherchent des collaborations locales et des échanges artistiques plus responsables, car ils trouvent un écho auprès d'un large éventail de consommateurs», explique Rebecca Hui, fondatrice et directrice générale de Roots Studio, qui établit des partenariats équitables entre des artistes indigènes et des marques de mode, par le biais de licences de création textile.

Roots Studio s'engage pour faire connaître l'art et l'artisanat de communautés locales au monde de la mode (Root Studio)

L'agence travaille avec des communautés locales dotées d'un abondant patrimoine artistique, pour faire connaître leurs arts et leur artisanat au monde de la mode, générant ainsi une source de revenus durable, tout en popularisant et en préservant leurs traditions. Par le biais de l'éducation culturelle et d'un dialogue constant, l'équipe assure une collaboration créative sans faille, où les voix des deux parties sont entendues et permet une narration transparente qui est sensible aux significations culturelles et signes religieux.

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