Globus: le joyau suisse du commerce haut de gamme fragilisé par la dette

Après avoir été cédé en 2020 par Migros — le plus grand groupe suisse de la grande distribution — aux sociétés Central Group (conglomérat de distribution fondé en 1947 par la famille thaïlandaise Charithivat) et Signa, basée en Autriche, la marque Globus se retrouve aujourd’hui au cœur d’un montage financier fragilisé par l’endettement, rapporte à NZZ am Sonntag. L’entreprise doit encore rembourser un prêt de 125 millions de francs contracté auprès de Migros, et a confié à l'hebdomadaire alémanique que son échéance est fixée à 2026 — un héritage de la période Covid qui vient accentuer la pression sur ses marges.

Le groupe thaïlandais Central, désormais principal actionnaire, semble peu enclin à refinancer la société. De son côté, Signa, l’autre copropriétaire, s’enfonce dans une crise majeure: sa filiale de distribution, lourdement endettée, a obtenu un sursis pour éviter la faillite. Cette double contrainte place Globus dans une position délicate, entre un actionnaire affaibli et un horizon de remboursement qui se rapproche dangereusement.

Sur le plan opérationnel, le redressement tarde à se matérialiser. Le retour à la rentabilité ne serait pas attendu avant 2026, selon la direction, alors que les coûts de rénovation, la transformation digitale et la baisse de fréquentation des centres-villes continuent de peser. Globus tente de se repositionner sur le segment du luxe dit «expérientiel», misant sur ses magasins phares de Zurich, Bâle et Lausanne. Mais cette stratégie exige des investissements lourds dans un contexte où le financement se révèle difficile à obtenir.

Le modèle même du grand magasin européen est remis en question. En Allemagne, Galeria Karstadt Kaufhof a déjà succombé à un endettement excessif et à des loyers trop élevés. Au Royaume-Uni, Selfridges, également racheté par Central Group et l’ex-empire Signa, doit composer avec une dette colossale. Partout, les mêmes symptômes se répètent: des emplacements prestigieux mais coûteux, une consommation qui se déplace vers le numérique, et des structures financières construites sur l’effet levier d’un immobilier aujourd’hui moins porteur.

Pour Globus, le compte à rebours est enclenché. Sans refinancement clair ni plan de désendettement, la marque risque de voir son indépendance s’éroder. Le défi est de taille: réinventer un modèle historique sans renoncer à son ADN, tout en rassurant ses créanciers et en regagnant la confiance des clients.