Art

Échec pour un Giacometti chez Sotheby’s

Emmanuel Grandjean

By Emmanuel Grandjean15 mai 2025

Estimé 70 millions de dollars, un buste de l’artiste suisse n’a pas trouvé preneur mardi 13 mai. Dans un marché de l’art en pleine correction, les collectionneurs ne seraient-ils plus prêt à acheter à n’importe quel prix?

À New York, le marteau s’est abattu à 64,2 millions pour la sculpture du peintre suisse (à gauche). Pas assez pour la fondation Soloviev qui a préféré passer plutôt que de solder (Sotheby's)

C’est peut être un signe. Mardi soir 13 mai chez Sotheby’s à New York, «Grande tête mince (Grande tête de Diego)», un buste en bronze d’Alberto Giacometti de 1955 n’a pas trouvé preneur. La sculpture avait pourtant tout pour plaire: chef-d’oeuvre d’une star des enchères, acheté en 1957 par le couple de collectionneurs Richard et Florence Weil auprès de la galerie Maeght, elle est aussi la seule de cette série de 6 exemplaires à avoir été réhaussée à la peinture.

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Et pourtant, le buste représentatif du travail en volume des portraits peints par le Suisse avec ses orbites creusées et ses visages émaciés, tranchants comme des lames de rasoir, va retourner chez son propriétaire. Dans la salle de la maison de vente, personne n’est parvenu à atteindre le prix demandé par celui-ci, la Fondation Soloviev, qui en espérait 70 millions de dollars, somme fabuleuse qu’elle comptait consacrer à des œuvres caritatives. Le marteau s’est abattu à 64,2 millions pour cette grande tête proposée sans prix de garantie. Pas assez pour la fondation qui a préféré passer plutôt que de solder, du moins dans son esprit.

Sans doute ne faut-il pas tirer de conclusion hâtive, mais cet échec ramène à la dure réalité les ambitions de vendeurs un peu trop gourmands, alors que le marché de l’art est en pleine correction. Nous ne sommes plus en 2015 lorsque «L’homme au doigt», du même artiste, faisait 141,3 millions de dollars chez Christie’s, un record absolu et jamais égalé, pour une sculpture. A l’époque, l’œuvre était proposée par le magnat de l’immobilier et collectionneur newyorkais Sheldon Solow dont le fils, Stefan Soloviev, a créé la fondation qui porte son nom. La même fondation, donc, qui vendait, mardi soir 13 mai, ce portait de Diego. Comme quoi, les temps ont vraiment changé.

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