Art Basel a fermé ses portes le 22 juin. L’heure de faire le bilan d’une foire qui nourrissait tous les espoirs après deux années de dégringolades du marché de l’art contemporain.
Même si l’état catastrophique du monde ne donnait pas vraiment envie d’y croire, les galeries s’accrochaient à la réputation inébranlable d’Art Basel et à cette touche magique qui met la cité rhénane à l’abri des mauvaises nouvelles. MCH, propriétaire de la foire et de ses multiples déclinaisons a diffusé un communiqué forcément exaltant, saluant le succès d’une 56e édition qui a quand même vu passablement de marchands aligner les ventes à sept chiffres comme David Zwirner qui s’est séparé d’une toile de Gerhard Richter contre 6,8 millions de dollars et la recordwoman de cette année, la galerie Annely Juda, qui a vendu «Mid November Tunnel», un peinture de 2006 de David Hockney entre 13 et 17 millions de dollars, le marchand londonien tenant à ce que le prix reste confidentiel.
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Et on ne parle pas de Hauser & Wirth, Pace ou encore Taddaeus Ropac, ce dernier ayant quand même vendu, le soir du vernissage VIP, des œuvres de Georg Baselitz, James Rosenquist et Robert Rauschenberg pour un total d’un peu plus de 5 millions de dollars. De quoi voir la lumière venir pour les cinq autres jours de la foire. A cette aune, c’est sûr qu’on pourra dire qu’Art Basel a rempli son office et que le marché, bon an mal an, a réussi à se maintenir à flot. Cela confirme surtout que ce sont les grosses structures qui s’en sortent toujours le mieux. Elles ont la confiance des collectionneurs et proposent du stock solide, tel Larry Gagosian qui est arrivé à Bâle avec pas moins de 68 artistes, de Picasso à Jeff Koons en passant par Magritte et Urs Fischer, pour des prix allant de 30 000 dollars à plus de 10 millions. «Il faut se méfier des chiffres, averti cependant un marchand ayant requis l’anonymat et pour qui le bilan de la foire a été «correct». Ces galeries ont vendu, certes, mais quand même moins bien que l’année dernière.» Et comment le savoir? Il existe un petit truc simple: il suffit de demander aux transporteurs le nombre d’œuvres qu’ils ramènent à la maison. «Et là, le résultat est implacable.»
Autre constat: l’absence des collectionneurs américains s’est confirmée. La plupart du temps représenté par leur art advisors, ils auraient préféré attendre l’édition d’Art Basel Paris en octobre pour faire des affaires. Ce que réfutent les galeries pour qui Bâle reste à jamais LA foire par excellence, celle où elles sortent leurs meilleures pièces et surtout les plus chères. Sans doute, mais jusqu’à quand va durer cette exception? Personne ne veut voir la concurrence qui gentiment s’installe entre les deux villes. Et surtout pas celle de Bâle, qui a pour elle des atouts (le pittoresque, la tranquillité et la sécurité), mais où l’offre hôtelière, famélique et incompatible avec la clientèle exigeante de la foire, en profite pour afficher des tarifs scandaleux qui font fuir une jeunesse dont Art Basel aurait pourtant bien besoin pour assurer son avenir. «À Bâle, il n’y a pas trop de distractions. Vous avez de super musées, de l’art de qualité, une grande foire et des foires satellites intéressantes — c’est un plus. À l’inverse, Miami, Paris et Hong Kong sont des villes beaucoup plus distrayantes», expliquait la galeriste new-yorkaise Wendy Olsoff au magazine Artnews. Voilà qui sonne quand même comme un avertissement.
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