Joaillerie

L’industrie du diamant en crise

Eva Morletto

By Eva Morletto21 juillet 2025

Al Cook, le PDG de De Beers, la maison de joaillerie emblématique spécialisée dans les diamants, tire la sonnette d’alarme: le marché des diamants naturels vit une crise sérieuse, et la cause principale serait à rechercher dans le développement exponentiel du marché des diamants de laboratoire.

L'industrie du diamant est en crise. La cause? le boom de la production des diamants de laboratoire (De Beers)

Al Cook a défini ce marché parallèle en pleine expansion comme «une arnaque», un terme fort qui ne fait que souligner les inquiétudes du patron face à cette menace. Les gemmes de laboratoire voient le jour grâce à des méthodes qui peuvent générer artificiellement les températures et le degré de pression nécessaire en nature à créer les diamants, mais à un prix estimé de 20 à 50% inférieur par rapport à celui des pierres naturelles.

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En 10 ans, les diamants de laboratoire ont envahi les boutiques et séduit les acheteurs grâce à leurs prix et à leurs garanties «éthiques». Le statut du diamant tel qu’il s’affichait autrefois - un atout de luxe intemporel -, est fortement remis en question.

Les derniers chiffres confirment la gravité de la situation: le géant De Beers a cumulé 2 milliards de dollars de stocks invendus en 2024 et la société a été obligée d’annoncer la suppression de plus de 1000 emplois dans l’entreprise Debswana, au Botswana.

La situation des autres grandes entreprises du secteur est également fragile. Alrosa, le géant minier russe, subit la crise du diamant en lien avec les sanctions internationales dérivantes du conflit en Ukraine. La société a perdu ainsi 77% de ses bénéfices et plusieurs mines ont été fermées depuis 2022.

En Australie, Lucapa a été mise sous séquestre en 2023, tandis qu'en Sierra Leone, Koidu Limited a fermé ses portes et licencié plus de 1000 employés à la suite de grèves qui ont entraîné des pertes de 16 millions de dollars en 2022.

A l’heure actuelle, les diamants de laboratoire représentent 20% des ventes mondiales de bijoux avec diamants alors qu’il y a dix ans, les gemmes synthétiques ne concernaient qu’1% du marché. Selon une étude menée par le site américain spécialisé dans le secteur du mariage «The Knot», plus de 50% des bagues de fiançailles vendues aux États-Unis en 2024 contenaient des diamants de laboratoire.

Pour les économies fortement dépendantes du secteur, comme celles du Botswana (90% des revenus du pays), du Canada, de la Namibie, de l'Angola et de la Russie, les risques sont élevés. D'autres facteurs, au-delà de la concurrence des diamants cultivés en laboratoire, fragilisent encore le marché des diamants naturels: d'une part, la crise du luxe en Chine, et d'autre part les taxes douanières américaines imposées sur les exportations de marchandises vers les États-Unis.

Dans une tentative de relance, De Beers a fermé récemment sa marque de bijoux en diamants de laboratoire, Lightbox, pour se recentrer sur les diamants naturels. La société vise aujourd’hui à renouveler et fortifier le marketing du secteur pour revaloriser les atouts des gemmes naturelles.
A noter qu’en Afrique, les principaux producteurs de diamants réunis à Luanda mercredi 18 juin, ont signé un accord «historique» pour stimuler la demande mondiale. Pour la première fois, le Botswana, l’Afrique du Sud, la Namibie, la RDC et l’Angola veulent consacrer 1% des revenus annuels des ventes de diamants bruts au financement d’une campagne internationale de publicité en faveur des diamants naturels (source Agence Ecofin)

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