L’Inde, puissant producteur de diamants de laboratoire

En 2022, le marché mondial de la bijouterie en diamant de laboratoire (LGD pour Lab-Grown Diamond) se chiffrait à 12 milliards de dollars. Aujourd’hui, les grandes marques se tournent vers ces alternatives très rentables et souvent produites dans le respect des principes de durabilité. Preuve de cette montée en puissance du secteur en Inde, le Premier ministre Narendra Modi offrait au président américain Joe Biden et à la première dame un diamant de synthèse (LGD) de type 2A de 7,5 carats cultivé dans un laboratoire en Inde. A titre de comparaison, seuls 1 à 2 % des diamants naturels seraient de type 2A, une catégorie attribuée aux diamants les plus purs sur le plan chimique. Parmi les diamants naturels de type 2A les plus populaires, citons le diamant Krupp de 33,19 carats d'Elizabeth Taylor, qui a été vendu aux enchères pour environ 8,8 millions de dollars américains et le Koh-i-Noor.

Depuis des décennies, l'Inde taille et polit plus de 90 % des diamants du monde. Aujourd'hui, le pays devient également l'un des plus grands producteurs de diamant LGD artificiels, avec une production annuelle de plusieurs millions de carats. Les diamants de laboratoire sont chimiquement, optiquement et physiquement identiques aux diamants naturels. Ils sont produits de manière plus durable et coûtent une fraction du prix.

Les diamants cultivés en laboratoire sont produits à l'aide de deux méthodes: la haute pression et la haute température (HPHT) et le dépôt chimique en phase vapeur (CVD). Les diamants HPHT peuvent présenter des inclusions magnétiques, tandis que les diamants CVD sont principalement des diamants de type 2A et sont donc préférés par les grandes marques pour la fabrication de bijoux.

Selon Paul Zimnisky, analyste indépendant du marché du diamant à New York, le marché de la joaillerie LGD a atteint 12 milliards de dollars en 2022, soit une hausse de 38 % en glissement annuel par rapport au milliard de dollars de 2016, représentant pour la première fois plus de 10 % des ventes totales de bijoux en diamant. Le mois de juillet 2023 a marqué une autre croissance notable pour les bijoux LGD. «Après des mois de rapprochement progressif, note Edahn Golan, spécialiste de l'industrie du diamant chez Tenoris, une société d'analyse des tendances de la bijouterie fine, les diamants naturels et de laboratoire ont atteint la part de 50/50 dans les ventes unitaires en juillet.» De nombreuses grandes marques mondiales de joaillerie, telles que Pandora et Signet, ont adopté l'alternative moins onéreuse des diamants de laboratoire en raison de l'augmentation de la demande sur les marchés sensibles au prix et où la taille du carat régit les ventes. «Un carat de diamant LGD-CVD peut être 70% à 90 % moins cher qu'un diamant naturel de même taille», explique Hasu Dholakia, fondateur de Craft Diamonds, un producteur et transformateur de diamants LGD-CVD basé en Inde, qui compte parmi ses clients Signet et Helzberg Diamonds. «Toutefois, les prix des LGD varient en fonction de l'offre et de la demande», ajoute-t-il.