Chiffres du Luxe

Harrod’s: ses lourds investissements plombent ses bénéfices

Eva Morletto

By Eva Morletto06 octobre 2025

Harrod’s Group (Holdings) Limited, qui comprend entre autres le célèbre grand magasin londonien, a publié ses derniers résultats financiers pour l’année 2024 au Registre du commerce et des sociétés. En pleine transition, il fait état d’une année relativement stable, malgré de lourds investissements plombant ses bénéfices.

Harrod’s est en bonne santé économique avec des résultats plutôt stables, au-dessus de ce qu’affichaient ses exercices post-Covid (Shutterstock)

Bilan plutôt morose pour le grand magasin anglais Harrod’s qui clôture son exercice 2024 avec un bénéfice en baisse (avant impôts) de 34,3 millions de livres sterling, s’affichant à 46,2 millions de dollars.

Mais il ne faut pas s’y méprendre, car contrairement à ce que ces résultats laissent paraître, Harrod’s est en bonne santé avec des résultats plutôt stables, au-dessus de ce qu’affichaient ses exercices post-Covid. En janvier 2023 par exemple, Harrod’s enregistrait une progression exceptionnelle de son chiffre d’affaires, atteignant 994 millions de livres sterling avec un bond de 52% de ses ventes.

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Si les chiffres d’aujourd’hui ne sont pas réjouissants, il faut chercher du côté des coûts, notamment liés au lancement de Harrods Redress Scheme en mars dernier. Ce programme d’indemnisation a pour vocation d’offrir un soutien aux victimes de harcèlement et d’abus sexuels commis par l’ancien président de la société, le milliardaire égyptien Mohamed Al Fayed. Plus de cent victimes, principalement employés ou ex employés de la société, ont porté plainte contre l’homme d’affaires, décédé en aout 2023, et les indemnisations ont commencé en avril. De plus, récemment, l'un de ses fournisseurs tiers l'a informé que certaines données personnelles de clients du commerce en ligne Harrods avaient été dérobées dans l'un de ses systèmes. Les données personnelles compromises se limitaient à des identifiants personnels de base, notamment le nom et les coordonnées, mais n'incluaient pas les mots de passe des comptes ni les informations de paiement. 430'000 clients ont été impactés

Face au ralentissement du secteur du luxe, comment se portent les grands magasins, vitrines iconiques du luxe dans les grandes capitales?
Le mot d’ordre est la redynamisation. L’industrie du luxe traverse une phase de maturité, les grands magasins ne peuvent plus reposer leur attrait sur leur statut symbolique, mais doivent réorganiser leur offre et réorienter leur stratégie pour continuer de séduire une clientèle qui fait plus attention à ses dépenses.
Dans la capitale française, les Galeries Lafayette et le Printemps misent sur la mode masculine. Le groupe français Galeries Lafayette va d’ailleurs réorganiser ses espaces d’ici l’année prochaine pour mettre en avant ce segment.

Mais vouloir tout repenser peut aussi générer quelques difficultés: mercredi 1er octobre, Shein, le géant chinois de l'ultra fast-fashion, a signé un accord avec la Société des grands magasins (SGM), propriétaire du BHV Marais pour lancer sa première boutique physique au monde, à Paris, début novembre. Alors que la plateforme chinoise est observée de près par les autorités françaises pour ses pratiques commerciales opaques, la nouvelle est loin d’avoir fait l’unanimité.
Galeries Lafayettes a réagi rapidement, en soulignant son «profond désaccord avec cette décision au regard du positionnement et des pratiques de cette marque d'ultra fast fashion, en contradiction avec son offre et ses valeurs».

Toutefois, empêcher l’installation des boutiques Shein ne sera pas évident puisqu’elle envisage déjà de s’installer dans cinq des sept magasins Galeries Lafayette en France. Plusieurs marques de luxe parlent d’ores et déjà d'un boycott des Galeries.

Le vent semble tourner également du côté de La Samaritaine (LVMH), qui peine à concurrencer le célèbre Bon Marché, situé de l’autre côté de la Seine. Ici, ce n’est pas Shein la cause du problème mais l’arrivée massive d’enseignes de fast fashion dans la zone entourant la rue de Rivoli à Paris, attirant une clientèle très jeune. La Samaritaine se retrouve ainsi comme un château fort du luxe isolé, dont le volume d’affaires annuel, selon le magazine Challenges, avoisinerait à peine les 260 millions d’euros.

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