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Bernard Arnault, auditionné au Sénat, défend son rôle dans l’économie française

Eva Morletto

By Eva Morletto22 mai 2025

Bernard Arnault, PDG de LVMH, s’est défendu hier devant la commission sénatoriale sur les aides publiques, exprimant son inquiétude face à l’impact des enquêtes de l’État français sur les grandes entreprises.

Bernard Arnault a défendu LVMH en affirmant: «Nous sommes probablement le groupe le plus patriote du CAC 40, et celui qui paie le plus d’impôts en France, malgré le fait que seulement 8% de notre chiffre d'affaires provienne du marché français.» (Shutterstock)

Dans un contexte économique fragile, le patron du leader mondial du luxe a défendu l’importance des investissements de son groupe en France et a rappelé le rôle clé de LVMH dans l’économie nationale, tout en dénonçant la menace de délocalisations en réponse à une pression fiscale accrue. "Il est injuste que l'État se tourne ainsi contre les entreprises qui, au contraire, devraient être soutenues," a déclaré Arnault. Le patron de LVMH a rappelé que son groupe est un investisseur important en France. En 2023, LVMH a injecté 3,5 milliards d'euros dans l'Hexagone et plus de 1,5 milliard l’année suivante. Il a également souligné l'impact de LVMH sur l’emploi en France, avec 40 000 salariés au sein de l’entreprise.

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Les prises de position d’Arnault soulèvent des interrogations sur la relation entre l’État et le secteur privé, notamment en matière d'aides publiques. Depuis la pandémie de COVID-19, l’État a mis en place des mesures pour soutenir les entreprises du luxe, incluant des subventions et des prêts garantis pour maintenir l’activité et préserver des milliers d'emplois dans ce secteur crucial.

Cependant, ce soutien financier est de plus en plus critiqué. Certains estiment que des entreprises profitant des fonds publics continuent d'évoquer la possibilité de délocaliser leurs opérations en cas de pression fiscale ou réglementaire excessive. Arnault a d’ailleurs évoqué ces menaces de délocalisation, notamment après l’annonce de la hausse des droits de douane par l’administration américaine. Les usines de LVMH aux États-Unis sont d'ores et déjà prêtes à augmenter leur production pour limiter l'impact de ces nouvelles taxes.

Ce dilemme met en lumière un enjeu majeur: peut-on justifier des aides publiques pour des entreprises dont les décisions économiques pourraient nuire à la compétitivité nationale, notamment en cas de durcissement des conditions fiscales ou réglementaires? Le débat sur l’optimisation fiscale des grandes entreprises, et en particulier sur les filiales situées dans des paradis fiscaux, a également été soulevé lors de cette audition.
En réponse, Bernard Arnault a défendu LVMH en affirmant: «Nous sommes probablement le groupe le plus patriote du CAC 40, et celui qui paie le plus d’impôts en France, malgré le fait que seulement 8% de notre chiffre d'affaires provienne du marché français.»

Alors que le débat s'intensifie, la question reste ouverte: un encadrement plus strict des aides publiques pourrait-il voir ces géants du luxe quitter le territoire pour des cieux fiscaux plus cléments? Le secteur du luxe reste un pilier majeur de l’économie française, représentant 154 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 615 000 emplois. 25% des ventes mondiales dans ce secteur sont réalisées par des entreprises françaises.

La position d’Arnault s’inscrit donc dans un contexte où les tensions entre la nécessité de soutenir l’économie et les impératifs de compétitivité des entreprises privées risquent de redéfinir l’avenir du luxe en France.

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