Tribune libre

NFT, le comble du statut social dématérialisé?

Cristina D’Agostino

By Cristina D’Agostino31 janvier 2022

Le 18 janvier dernier, Lamborghini, marque automobile de luxe, célébrait son entrée dans le monde des NFT. Le projet, développé avec un artiste à l’identité gardée secrète, prévoit une production artistique limitée sous forme d’actif numérique unique logé dans un QR code au dos d’une clé en fibre de carbone appelée Space Key. Au-delà du coup de comm, ce n’est pas l’entrée de la marque dans le monde des NFT, désormais monnaie courante dans le luxe, mais plutôt ce qu’elle symbolise. Notre ère numérique a en effet transformé notre rapport au matérialisme. Toujours plus de biens de notre quotidien se dématérialisent: l’argent, l’information, les lieux de rencontre, les magasins, l’art, les musées, etc. Le statut social, lui aussi, par corollaire, a changé. D’autres manières d’acquérir et de montrer son statut social sont apparues avec ce que les anglosaxons appellent la liquid consumption. Le savoir, l’éducation, la santé, le bien-être, le temps, l’espace sont devenus des marqueurs de statut social élevé. Si l’objet de luxe garde toujours son rôle de différenciant social, les NFT, ces identifiants numériques uniques certifiés par blockchain liés à des actifs digitaux, bouleversent les modes d’identification de statut social.

Désormais, plus besoin de posséder une voiture de luxe, en l’occurrence une Lamborghini, pour faire partie du club fermé des happy few. Posséder un crypto-art unique par NFT suffit. Invisible, sauf par son propriétaire, il participe pourtant grandement à l’élévation statutaire, mais dont seuls les initiés, présents dans le milieu des crypto-art et du métavers, auront connaissance. Cette dématérialisation de l’objet de luxe, couplée à sa valeur économique élevée et à la capacité d’y accéder par la connaissance technologique pointue, fait des NFT un nouveau marqueur de statut social. Sauf que dans l’univers des NFT aussi, des créations numériques peuvent être qualifiées de fausses. Hermès vient de porter plainte contre le projet NFT MetaBirkins qualifié par la maison de «faux produit Hermès.»

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