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L’eau, cet or bleu sur lequel les milliardaires investissent

Eva Morletto

By Eva Morletto12 janvier 2023

On l’appelle l’or bleu. L’eau, ressource précieuse dont les capacités de renouvellement se compliquent, suscite de plus en plus la convoitise des grandes sociétés et des milliardaires attentifs aux nouveaux investissements. Elle s’échange même à la Bourse de Chicago depuis 2020.

L’ eau islandaise Iceland Glacial fait partie des eaux les plus convoitées, grâce à sa pureté (Shutterstock)

245 Mia

Consommation mondiale annuelle de litres d'eau en bouteille

35

Consommation moyenne annuelle de litre d'eau en bouteille par personne

60 000€

Le prix record pour une bouteille d'eau L’Acqua di Cristallo – Tributo à Modigliani aux enchères

La consommation d’eau sur la planète atteint 4 milliards de m3, soit 1,3 million de litres d’eau chaque seconde, ce qui est nettement supérieur aux capacités de renouvellement des réserves. Un problème regardé de près par les scientifiques du monde entier qui s’interrogent sur l’optimisation des ressources et les méthodes possibles pour préserver ce bien si précieux.

Entretemps, le marché de l’eau en bouteille continue de prospérer, et la raréfaction de ce bien fait grimper les prix. En France, le marché de l’eau en bouteille est en progression constante, particulièrement celui des eaux premium. Des études menées par la Chambre syndicale des Eaux minérales démontrent que la consommation française correspond à un peu plus de 130 litres par habitant et par an, pour un total d’environ 8 milliards de litres pour l’ensemble de la population.

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Le secteur du luxe, depuis quelques années, regarde avec intérêt le marché des eaux de source ; les initiatives commerciales et les partenariats sont déjà nombreux. Qui sont aujourd’hui les grandes sociétés qui investissent massivement dans le marché des eaux en bouteille et avec quels intérêts?

Les rois de l’eau, entre qualité et controverse

Le marché de l’eau minérale dans le monde est tenu par des géants de l’agroalimentaire tels Castel, Nestlé ou Danone, mais aussi par des milliardaires, dont Stewart et Lynda Resnick – fondateurs de The Wonderful Company qui détient Fiji Water, une des eaux minérales les plus chères du monde, achetée en 2004 pour 50 millions de dollars et dont l’exploitation est assez controversée.

Fiji Water a privatisé les sources d’eau, privant les habitants des Fidji de ressources hydriques essentielles (Shutterstock)

Les multinationales de l’eau sont régulièrement scrutées par les organisations environnementales, en raison de pratiques souvent opaques liées à l’exploitation des sources. Si le géant Coca-Cola est accusé d’assécher les réserves en eau de la région du Chiapas au Mexique pour produire le populaire soda, les multinationales qui proposent des eaux premium développent également des stratégies ambiguës. La chic Fiji Water a privatisé les sources d’eau dans l’archipel du Pacifique, en privant les habitants des Fidji de ressources hydriques essentielles. Dans un pays où l’eau en bouteille finit par coûter plus cher que les sodas, les conséquences pour la santé sont aujourd’hui plus que tangibles, avec une explosion des taux d’obésité dans la population. À ce sujet, Wonderful Company, détentrice de Fiji Water, est aujourd’hui hautement questionnée par les ONG environnementales. La multinationale est également sur le radar des organisations de protection de l’environnement aux États-Unis, où elle possède son siège principal. En effet, c’est là aussi qu’elle gère la production de tonnes d’amandes californiennes (Wonderful Almonds), des plantations extrêmement gourmandes en eau, qui contribuent à la sécheresse et aux incendies monstrueux dans la région.

En Europe, où les lois environnementales sont plus strictes, plusieurs sociétés de production d’eaux minérales premium ont donné l’exemple en ce qui concerne l’engagement durable, en adhérant à des chartes en faveur de la protection de l’environnement. C’est le cas, par exemple, de la Française Jolival, rachetée en 2014 par Renaud Dutreil – l’ancien ministre des PME sous Jacques Chirac aujourd’hui à la tête du fonds Mirabaud patrimoine vivant (MPV). Dans le quotidien Charente Libre, il racontait: «Je mesure tout à fait le potentiel d’un produit comme celui-ci, il y a une belle histoire à raconter, de vraies perspectives de développement.» L’eau Jolival est devenue célèbre pour avoir signé un partenariat avec l’équipe de football du Paris Saint-Germain.

«Storytelling» et design de luxe

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