Porté par l’euphorie de l’élection de Donald Trump et les promesses d’une régulation favorable, le Bitcoin atteint des sommets historiques à 95 000 dollars. Cette flambée profite aussi à l’industrie du luxe, tandis que des inquiétudes grandissent autour des risques de blanchiment d’argent.
L’effet Trump se reflète clairement sur les marchés financiers et sur les transactions en cryptomonnaies: pour la première fois, ce jeudi 21 novembre, le Bitcoin a dépassé le seuil des 95 000 dollars, porté par l’euphorie des élections américaines.
Alors que le président démocrate Joe Biden était en faveur d’une plus forte régulation du marché, le futur Président des États-Unis Donald Trump et son conseiller l’homme d’affaires Elon Musk ont promis une législation plus souple et favorable aux détenteurs de cryptomonnaie pour booster ce marché. Depuis que le milliardaire américain est sorti victorieux du scrutin présidentiel le 5 novembre dernier, la valeur du bitcoin s’est envolée d’environ +35%, en atteignant un niveau record.
Les spéculateurs sont fébriles et attendent avec impatience les nouvelles mesures annoncées par la future administration Trump. Premièrement, la création d’une réserve stratégique de bitcoins aux États-Unis pourrait légitimer davantage les cryptomonnaies et influencer dans ce sens les politiques fiscales et financières des autres pays.
Pour alimenter cette réserve, l’administration Trump a une stratégie bien ficelée: elle s’engage à ne plus vendre les bitcoins en sa possession, issus en général de saisies réalisées lors d’affaires judiciaires en cours. Le slogan trumpiste «faire des USA la capitale mondiale du Bitcoin et de la monnaie virtuelle» semble donc convaincre les investisseurs. Il est d’ailleurs fort possible que Gary Gensler, président de la Securities and Exchange Commission, qui jusqu’ici avait une approche répressive vis-à-vis des cryptomonnaies, soit bientôt remplacé.
Quelles seront les possibles conséquences pour le monde du luxe dont l’intérêt pour les paiements en monnaie virtuelle est grandissant? Hier, le Printemps - l’enseigne française de grands magasins de luxe fondée en 1865 - a annoncé devenir le premier réseau de grands magasins en Europe à accepter les paiements en cryptomonnaie. L’initiative vise à booster l’attractivité de l’enseigne auprès des clients, surtout internationaux.
Il y a un an déjà, le constructeur italien de voitures de luxe Ferrari a annoncé accepter le paiement de ses bolides iconiques en cryptomonnaie. Le bitcoin représente une forme de richesse résiliente à l’inflation et l’industrie du luxe sait s’adapter rapidement aux évolutions technologiques pour maintenir son attractivité. Tous ces éléments rendent désormais incontournable la présence des monnaies virtuelles dans le domaine du luxe. Le segment des ventes d’œuvres d’art numériques et objets virtuels grâce aux NFTs a déjà fait ses preuves. Toutefois, les maisons de ventes aux enchères redoutent cette facilité d’usage des cryptomonnaies. Christie’s, Sotheby’s et d’autres se préparent à rencontrer des difficultés en matière de lutte contre le blanchiment d’argent. En effet, la frontière entre le secteur financier traditionnel et les cryptomonnaies se brouille ; ces actifs virtuels ont tendance à être intégrés dans les plates-formes de paiement conventionnelles.
Les grandes œuvres d’art, dont la valeur est très subjective, sont utilisées comme réserves de valeur, idéales pour stocker, déplacer et échanger des grosses sommes d’argent. L’utilisation d’actifs virtuels peut masquer des utilisations abusives à des fins de blanchiment d’argent par le biais de transactions légitimes, difficilement traçables.
L’alliance entre l’univers des cryptomonnaies et les grandes maisons n’en serait donc qu’à ses débuts. Si la législation souhaitée par la nouvelle administration américaine se concrétise, ce lien ne pourrait être que plus étroit.
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