Géopolitique et Luxe. Les conséquences de l’attaque terroriste du Hamas sur Israël.

Avec l’attaque lancée par le groupe terroriste Hamas contre Israël le 7 octobre, le risque d’un embrasement de toute la zone moyen-orientale, et parallèlement d’un renforcement de la polarisation du monde entre Occident et Orient (et avec lui le monde arabe, la Chine, la Turquie et la Russie) va s’accentuer. Ces derniers jours montrent encore des états se solidarisant avec l’un ou l’autre belligérant. Le conflit a de lourdes conséquences humanitaires, mais le prix à payer sera également économique.

Lors de l’ouverture de la conférence Future Investment Initiative (FFI) à Riyad, le 24 octobre dernier, le président de la Banque mondiale Ajay Banga déclarait: «la guerre risque d’avoir un grave impact sur le développement économique. (…) Je pense que nous nous trouvons à un moment très dangereux.»

En Israël, l’existence de celle qui a été baptisée la «Silicon Wadi»  - en raison du grand nombre de start-up et industries tournées vers le high-tech - a aussi permis la création d’une nouvelle génération de jeunes millionnaires issus de ce milieu. Ces secteurs pourraient être paralysés temporairement. Au niveau du marché intérieur, le PIB par habitant d'Israël était d'environ 43 700 USD fin 2022. Les performances économiques israéliennes ont été particulièrement bonnes en 2022 et étaient supérieures à la moyenne des autres pays de l’OCDE. Quant au secteur du luxe, même s’il s’agit d’un petit pays, Israël est une destination attirante pour les marques, et certaines niches comme l’horlogerie se révèlent particulièrement rentables. Selon le directeur régional de Hublot, l’Italien Augusto Capitanucci, les ventes des montres de la maison ont doublé d’une année sur l’autre depuis 2015. Difficile de croire que cette évolution se poursuivra.

L’autre facette du conflit qu’il faut considérer est la mise en danger des accords d’Abraham signés en 2020 entre Israël et les Emirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Ces accords ont permis d'engranger 2,85 milliards de dollars (2,67 milliards d'euros) en échanges commerciaux en 2022, tout en facilitant la stabilité politique de la région. L’attaque survenue alors que l’Arabie Saoudite, nouveau eldorado du luxe, s’apprêtait à rejoindre les pays arabes signataires de l’accord remet tout en cause. Le plan Vision 2030 porté par Mohammed Ben Salman et centré sur plusieurs projets de développement impliquant des géants du luxe (le groupe Accor dans les secteurs de l’immobilier et l’hôtellerie, ou indirectement les nombreuses marques des groupes LVMH et Kering avec les nombreux projets de centres commerciaux) comptait sur l’appui de la technologie israélienne.

Selon une récente étude de l’association italienne des entreprises de luxe Altagamma, en collaboration avec Boston Consulting Group, le marché du luxe au Moyen-Orient est estimé à près de 15 milliards d’euros en 2023. Il devrait doubler d’ici à 2030, passant à 30-35 milliards d’euros, boosté surtout par les Emirats et l’Arabie Saoudite. Concernant particulièrement cette dernière, la valeur du marché du luxe dans le royaume correspond à 3 milliards d’euros en 2023 et il devrait atteindre 6 milliards en 2030. L’annulation des futurs accords avec Israël, et la guerre vont, à coup sûr, bouleverser ces prévisions.