Tribune libre

Chine, sa spirale vers la déflation fait trembler le luxe

Cristina D’Agostino

By Cristina D’Agostino24 août 2023

Depuis un mois, les exportations de l’horlogerie suisse ralentissent. Etonnant? Pas vraiment, si l’on en croît les fournisseurs de l’industrie, qui, sous couvert d’une discrétion bien helvétique, remarquent le phénomène depuis quelques mois déjà. Car depuis la fin de la bulle spéculative qui gonflait le marché horloger primaire et secondaire, à la suite de la chute des cryptomonnaies, de l’instabilité géopolitique, de l’inflation, du ralentissement du marché de détail américain et de la chute du marché immobilier chinois, la frénésie a fini par se calmer. Les boutiques et revendeurs de montres prestigieuses font état de listes d’attente qui se raccourcissent, et même de quelques modèles rares qui réapparaissent dans les vitrines. Conséquence: un frein sur les commandes passées par les marques à leurs fournisseurs. D’ailleurs, l’Office fédéral des douanes annonçait hier mardi 22 août un ralentissement général des exportations suisses, y compris dans les machines-outils de précision.

Faut-il espérer un regain de l’activité ces prochains mois ? Du côté de la Chine, rien n’est moins sûr. Lundi, le géant immobilier chinois Country Garden annonçait quitter le Hang Seng, l’indice phare de la Bourse de Hong Kong, pour cause de chute pharamineuse du cours de son action (l’action a perdu 70% de sa valeur depuis janvier). Le spectre d’une faillite du géant de l’immobilier aurait de graves répercussions sur l’économie chinoise – l’immobilier représentait 30 % du PIB en 2022 – alors que 90% des Chinois sont propriétaires de leur logement. C’est d’ailleurs dans ce secteur que les Chinois préfèrent historiquement mettre leurs économies. La deuxième économie mondiale peine ainsi à relancer la demande et lutte contre l'augmentation du taux de chômage des jeunes (20%). D’autant que le pays vient de rentrer dans une période de déflation (l’indice des prix à la consommation a baissé de 0,3% en juillet) que les analystes redoutent plus longue qu’en 2021.
Ces différents signaux compliquent les affaires des groupes de luxe à moyen terme, même si la Chine a permis d’enregistrer en moyenne une hausse de 20% au premier semestre. Car c’est toute l’économie mondiale qui pourrait être impactée.
Du côté des Etats-Unis, la situation n’est pas encore favorable pour le secteur de la vente au détail, plombé par une classe moyenne qui consomme peu et qui est très sensible aux prix.
La région du monde qui connaît des perspectives à la hausse reste aujourd’hui le Moyen-Orient, où le secteur du luxe est aujourd’hui évalué à 15 milliards d'euros, et qui devrait doubler d’ici 2030 à 30 milliards en 2030, notamment grâce à l'importance croissante de l'Arabie saoudite.

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