Chanel acquiert 60% de FashionArt, des ateliers spécialisés dans la toile denim

Les objectifs de cette acquisition sont clairs: valoriser et pérenniser le savoir-faire des artisans de FashionArt, mais également consolider la chaîne d’approvisionnement de Chanel.

Les ateliers FashionArt situés dans la commune de Limena dans la province de Padoue, en Vénétie, comptent aujourd’hui une quarantaine de salariés. Ils maîtrisent parfaitement les spécificités de la toile denim, ses possibilités techniques comme son potentiel créatif. Grâce à cette expertise, la manufacture propose une confection haut de gamme des vêtements et travaille également les tissus destinés aux sacs et aux chaussures.

Fleuron du «made in Italy», l’entreprise fournit plusieurs grands noms du luxe, dont Chanel, Louis Vuitton ou encore Burberry. Mais la collaboration avec Chanel ne date pas d’hier. Elle démarre il y a une quinzaine d’années, en 2007, lorsque Andrea Rambaldi, son fondateur, rencontre Karl Lagerfeld. C’est le designer star qui l’incite à se spécialiser dans l’expertise des teintures et des délavages, alors qu’il exerce encore son métier dans le secteur des machines à laver industrielles. Karl Lagerfeld lui confie alors une première mission-test: imaginer un pantalon en jean évoquant les couleurs du brouillard anglais matinal pour la collection Métiers d’art 2007/08 «ParisLondres». FashionArt naissait suite à cette rencontre.  

La collaboration s’est encore intensifiée dernièrement, les nouvelles collections présentant de nombreux modèles en denim, une matière anoblie depuis son retour en grâce sur les podiums des défilés des grandes marques du luxe. Les tendances pour le prochain été suggèrent d’ailleurs la jupe longue en denim comme pièce phare du vestiaire 2023.  Le jean est bel et bien au centre de l’attention des créateurs; la maison Loro Piana vient de financer la recherche sur une nouvelle matière: le cash-denim, mélange de jean et de cachemire. 

L’acquisition de FashionArt par Chanel répond à une tendance bien installée depuis quelques années chez les géants de la mode de luxe: avoir plus de contrôle sur la chaîne de production en fidélisant les ateliers dans leur rapport avec la marque et ainsi garantir une transparence sur la traçabilité des matières.

Chanel opère dans ce sens depuis longtemps et les participations dans les manufactures de production indépendantes se sont multipliées. Il suffit de penser au maroquinier Renato Corti, dont l’entreprise, basée à Milan, a été acquise par Chanel à hauteur de 40% en 2019. Renato Corti fait partie des plus grands fabricants italiens de produits à base de cuir, avec des usines en Toscane et en Lombardie.

En 2019 Chanel investissait également dans la tannerie italienne Samanta, spécialisée dans les cuirs imprimés. Un partenariat avait aussi été établi avec l’atelier de vêtements de luxe Grandis, en Normandie. Chanel n’est pas la seule grande marque à procéder dans ce sens: LVMH vient d’acquérir le joaillier italien Pedemonte et Dior a investi dans la filière artisanale du cuir italien avec l’achat des laboratoires Art Lab, près de Florence.