Afrique: Une nouvelle économie de la transformation (Part.2)

Depuis une décennie, une nouvelle industrie de la transformation est mise en place par les États africains. La Côte d’Ivoire par exemple, premier producteur mondial de cacao, veut jouer un rôle central dans la transformation locale de ses matières, à l’image du Gabon pour l’industrie du bois. L’aspiration légitime des Africains est celle de bâtir une nouvelle ère, dans un rapport plus égalitaire entre pays producteurs et groupes internationaux. L’ambition est de jouer un rôle actif dans la transformation, en brisant la «malédiction des matières premières», dogme qui condamne les pays sous-développés riches en ressources à stagner économiquement malgré leur richesse.

Ces nouveaux types de partenariats entre entrepreneurs occidentaux et acteurs locaux se multiplient sur le continent. C’est le cas, par exemple, de l’île de Sao Tomé, au large du Gabon, où une poignée d’entrepreneurs a décidé de se lancer dans le marché du chocolat haut de gamme. Des «grands crus» à 82% de cacao, comme celui produit par la marque de niche Diogo Vaz, se sont forgé une réputation internationale. Les coopératives de cacaoculteurs du Cameroun attirent, elles aussi, la convoitise des rois de la gastronomie européenne. Aristide Tchemtchoua est présidente de l’une de ces coopératives camerounaises, très fière d’avoir vendu plusieurs tonnes de fèves de cacao à Alain Ducasse. Elle contribue activement à l’amélioration de la région de Nkog-Ekogo située au centre du Cameroun. Sur le média national «Cameroon Tribune», Aristide Tchemtchoua dévoilait qu’une cargaison d’environ 80 tonnes vendues à 1650 FCFA le kilo vaut 132 millions FCFA. Elle explique: «1300 francs reviennent au planteur et 350 francs sont destinés au fonctionnement de la coopérative. L’exportation des fèves a l’avantage de permettre aux planteurs de traiter directement avec les chocolatiers sans passer par des intermédiaires, et d’avoir ainsi plus de bénéfices.»