Art & Design

«Le succès de TEFAF confirme notre capacité à présenter le meilleur de l’art, sur neuf mille ans d’histoire»

TEFAF New York s’est terminée sur un succès et une forte affluence. Le directeur général des foires TEFAF, Will Korner, confirme que la plus grande foire d’art et d’antiquité du monde, célèbre pour couvrir plus de 9000 ans d’histoire, devient désormais également influente sur l’art moderne.

L'entrée de la foire TEFAF à New York au Park Avenue Armory (Julian Cassady)

À peine terminée le 16 mai dernier, la TEFAF New York – fondée il y a sept ans sur le même modèle que TEFAF Maastricht, la plus grande foire européenne d’art, d’antiquités et de design – enregistrait une très forte affluence, un signal extrêmement positif pour le milieu de l’art. Soutenue pour la septième année par Bank of America, TEFAF New York enregistrait une hausse de 50% de ses visiteurs, à l’ouverture. Des dizaines de milliers d’amateurs, de célébrités et de collectionneurs s’y sont pressés au fil des cinq jours d’ouverture. Du collectionneur Yusaku Maezawa, aux curateurs Klaus Biesenbach et Hans Ulrich Obrist, sans oublier les nombreuses stars à l’image de Woody Allen, Emily Blunt, Scarlett Johansson, John Krasinski ou encore Julianne Moore, tous ont pu admirer les œuvres d’art moderne et contemporain, les bijoux et antiquités exposés par les 91 galeries internationales dans le prestigieux Park Avenue Armony.

La galerie Neugerriemschneider est une galerie réputée de Berlin, fondée par Tim Neuger et Burkhard Riemschneider en 1994. Aujourd'hui influente, elle expose de très nombreux artistes de renommée mondiale comme Ai Weiwei, Pawel Althamer ou Jorge Pardo (David Benthal)

Des ventes significatives ont été enregistrées, dont celle de la galerie Almine Rech pour l’huile sur toile Ohne Titel (2008) de Günther Forg, estimée entre 1,4 à 1,5 million de dollars. White Cube a vendu White Semaphores, un mobile (1962) d’Alexander Calder pour 1,1 million de dollars. À souligner l’intérêt appuyé pour les artistes femmes, pour les sculptures de Tecla Tofano et Felita Bursztyn Line Vautrin et Meret Oppenheim.

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Un succès qui suit celui du plus grand rendez-vous de l’art TEFAF Maastricht en mars dernier, avec 268 exposants, et que son directeur Will Korner, directeur des foires TEFAF explique en exclusivité pour Luxury Tribune

La TEFAF Maastricht s’est terminée en mars dernier. Comment s’est-elle déroulée et qu’est-ce qui vous a le plus surpris?

Œuvre de l'artiste Shirley Jaffe, Sans titre, 1965, exposée à la Galerie Nathalie Obadia, qui possède une adresse à Paris et à Bruxelles (DR)

Cela s’est très bien passé. C’était merveilleux de revenir à une foire de grande envergure dans notre calendrier habituel du monde de l’art après Covid. Nos 270 exposants ont pu présenter les meilleures œuvres d’art sur le marché, après avoir passé quatre ans à les collecter. Les visiteurs habituels de Maastricht nous ont fait part de leur satisfaction quant à l’agrandissement des espaces d’exposition, en particulier consacrés aux galeries plus «jeunes». Notre succès sur l’art moderne a surpris tout le monde, et en premier nos équipes. Notre sélection a toujours été très forte, mais avec tant de foires ayant lieu déjà pendant cette période, cela nous a confirmé que TEFAF Maastricht montre le meilleur dans chaque catégorie, un ensemble qui couvre plus de sept mille ans d’histoire, et même neuf mille ans cette fois-ci, puisque quelques objets exposés dataient de l’aube de la civilisation: 7000 ans av. J.-C. !

Pouvez-vous nous dire quelles sont les différences entre les deux foires TEFAF, ainsi que la raison pour laquelle vous avez ressenti le besoin de créer TEFAF New York?

La très célèbre galerie belge Axel Vervoordt qui possède également une adresse à Hong Kong (Julian Cassady)

En 2016, nous avions ouvert deux foires à New York, afin de continuer à cultiver notre présence sur ce marché majeur de l’art. Celle organisée à l’automne était consacrée à l’art «ancien», et celle du printemps à l’art moderne, contemporain et le design, aux côtés de quelques bijoux et de l’art tribal. Malheureusement, nous n’avons pas été en mesure de maintenir notre foire d’automne en raison des difficultés rencontrées à cause de la pandémie, mais notre foire de printemps n’a cessé de prendre de l’ampleur. Elle comprend désormais les 90 galeries les plus importantes de leur pays.

En quoi la marque TEFAF est-elle unique par rapport à d’autres grandes foires internationales, comme Art Basel, et quel rôle joue TEFAF dans le monde de l’art, et en particulier la foire de New York, sur la scène non européenne?

La galerie new-yorkaise Sean Kelly présentant l'œuvre de Kehinde Wiley, le portrait de Jorge Gitoo Wright (Julian Cassady)

Nous avons cherché à exposer les meilleures œuvres d’art et antiquités dans toutes les catégories et à travers le temps. Le génie humain et l’histoire de l’art ne devraient pas se limiter aux nouveaux artistes les plus en vogue, comme c’est le cas dans de nombreuses foires plus contemporaines. Nous disposons d’une riche communauté d’exposants, de professionnels des musées, de collectionneurs et du grand public. Notre volonté est de les réunir pour leur présenter de nouvelles découvertes et recherches. Par exemple, grâce au processus de contrôle minutieux qui a lieu chaque année lors des foires, il est bien connu que les objets problématiques sont retirés avant l’ouverture de la foire – mais ce qui est moins apprécié, c’est que de nouvelles attributions sont faites ou découvertes grâce à la présence de plus de 200 experts du monde entier. New York est le marché de l’art le plus important du monde, et il a toujours été important pour TEFAF d’y avoir une présence et une stratégie fortes – et TEFAF New York en est la concrétisation.

Qu’en est-il de cette édition de TEFAF New York?

Nous avons quelques nouveaux exposants passionnants tels que les importantes galeries coréennes et brésiliennes, PKM Gallery et Nara Roesler, ainsi que d’autres galeries plus établies qui élargissent également leur champ d’action aux artistes de ces deux pays. Parmi les autres points forts dont nous avons connaissance jusqu’à présent, citons un autre nouvel exposant, la Galerie Mitterrand de France, qui consacre son stand à Claude Lalanne, tandis que la Mayor Gallery de Londres consacre une rétrospective à Verena Loewensberg, jusqu’à présent négligée.

Vous avez à vos côtés un géant comme Bank of America, qu’avez-vous organisé ensemble?

L'œuvre "Mettere i verbi all'infinito millenovecento ottantotto..." qui signifie "Mettre les verbes à l'infini 1988..." a été créée en 1988 par l'artiste Alighiero Boetti dans le style lettriste (DR)

TEFAF et Bank of America partagent un partenariat de longue date très intéressant pour présenter TEFAF New York ensemble. La banque nous suit depuis 2017 et nous a fidèlement soutenus pendant la pandémie. Son soutien permet à TEFAF de continuer à enrichir notre communauté d’amateurs d’art – à la fois les mécènes existants et une nouvelle génération de collectionneurs – visible dans notre programmation unique. L’une de mes collaborations préférées au fil des ans a été l’exposition de la célèbre série de portraits photographiques «Artfully Dressed: les femmes dans le monde de l’art» de la photographe Carla van de Puttelaar, basée à Amsterdam. Soixante photographies puissantes et variées de Puttelaar tapissaient les couloirs des premier et deuxième étages du Park Avenue Armory. Cette exposition a vraiment fait revivre le monde de l’art par le biais de la photographie et a été très bien accueillie.

Pouvez-vous nous parler de la valeur de l’emplacement du Park Avenue Armory ?

C’est un lieu unique pour une foire d’art, dans un emplacement central de choix dans l’une des villes les plus importantes du monde. Nous apprécions particulièrement le fait qu’en raison de sa facilité d’accès, de nombreux visiteurs franchissent les portes plusieurs fois au cours de la foire et à chaque fois avec un nouvel invité!

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